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                     CHRONIQUE LOCALE

   Où allons-nous ? se demande-t-on avec inquiétude. Question grave, per-
plexe et devant laquelle les plus hardis hésitent. Les points noirs assom-
brissent l'horizon. Il y a quelque chose en l'air ; le plus prudent serait de
rester tranquillement chez soi.
   Oui, le plus prudent ; mais ce serait mal connaître le caractère français
que de croire au pouvoir de l'intimidation de quelque part qu'elle vienne.
On veut nous retenir, partons.
   Et voyez avec quelle ardeur on va en avant, dût l'orage éclater.
   Mais aussi, voyez avec quelle régularité l'orage éclate :
   Les uns attires par la magnificence de la cavalcade de bienfaisance or-
ganisée par nos voisins de Vienne, descendent le Rhône et admirent le
long cortège se déroulant à travers l'antique cité. Les pauvres auront une
ample moisson ; les cœurs sont à la joie, les mains battent, mais les nuages
s'ouvrent et la foule s'enfuit mouillée } les prophètes l'avaient bien prédit.
   D'autres avaient envahi les élégants vagons de la Dombes et avaient suivi
la Fanfare lyonnaise dans la douce et tranquille capitale de la Bresse. Le
temps était superbe, on ne comptait que sur des flots d'harmonie. Les
cataractes du ciel s'épanchent et les ditettanti bressans ont le sort des
Dauphinois.
   La fête de Bourgoin a la même infortune. La ville de Lyon n'est pas
épargnée. Le tirage au sort de la Société des Amis-dcs-Arts se termine par
la dispersion des artistes et des curieux ; les journaux ont fait la plus triste
peinture de l'état où se trouvaient les promeneurs du Parc réfugiés sous
les saules et les- peupliers pendant une ondée qui ne réjouissait que tes
cygnes et le* canards.
   Nouvelle fête à Vienne, nouvelle fête à Bourg, invariablement nouvelle
averse. Cette anne'e, toutes les parties de plaisir seront aquatiques. On
croirait que le maréchal Lobau préside aux réjouissances.
   11 faut faire exception pour le grand concert annuel de Luigini qui a eu
lieu à l'Alcazar avec pompe et magnificence, mais sans eau.
   Ce concert, qui a été une solennité, avait attiré dans la salle condamnée
une fouie immense ; il semblait qu'on tînt.» voir encore w e fois l'élégant
coupole que Paris nous envie et qui ne sera bientôt plus qu'un souvenir.
On a salué le bénéficiaire de sympathiques bravos, on a applaudi avec en-
thousiasme Beethoven , Mehul, Richard Wagner le contesté, M^ileitlst,
notre chère Sélika, Delabranohe qui n'avait jamais 4té mieux en voix, le
jeune Luigini fils, dont le rare talent a été pour nous une surprise et une
révélation, la Fanfare lyonnaise et l'orchestre du Grand-Théâtre si digues