page suivante »
3 82 L'AGER GOFUCENSIS. du sol est fort retardée encore et les idées de bien-être sont loin d'avoir pénétré même dans les classes supé- rieures de la société. A cette époque, il est peu de terres libres de rede- vances et de charges diverses. Quand un fond en est affranchi, les chartes l'indiquent avec soin dans les ter- mes suivants : Mansus indominicatus, curtilus liberus, curtilus indominicatus, casa indominicata, et même sous le nom d'alleu (alodum). Mais ces mentions sont fort rares, à peine reviennent-elles cinq fois dans cinquante- six chartes (i). Ordinai-ement les cartulaires gardent le silence, ce qui ne fait point supposer que la propriété soit entièrement libre. Quand un droit de cens ou servis (servitium) est mentionné, voici quel en est l'objet : Le censitaire doit payer une à née de vin, un setier de vin ou de blé, quelquefois deux pains ou même une épaule de vache (armus vaccce) (2). Il existe au moyen-âge peu de redevances en argent; le numéraire est rare, tandis que les produits de la terre sont sous la main du cultivateur ; aussi les dîmes an- ciennes, qui ne conviennent plus à nos mœurs ni à l'état de notre civilisation, étaient-elles le seul impôt possible- au moyen-à ge. Au XVIe siècle, les valeurs métalliques sont devenues plus communes ; aussi voyons-nous, dans un terrier de 1559 qui embrasse tout le canton de Mor- nant, que si, à cette époque, les redevances en nature tiennent encore la plus large place, l'impôt en argent tend à s'introduire dans des proportions inconnues jus- qu'alors. (1) Sav. ch. 349, 365, 549, 760, 825. (2) Sav. ch. 743, 798.