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GABRIEL TYR. 311 En ce bel art du portrait, Gabriel Tyr a laissé maintes preuves de sa distinction, Nous sommes loin de connaître tous ses ouvrages: la plupart n'ont pas quitté le foyer des familles ; quelques-uns cependant se sont un moment con- fiés à nous et nous avons pu les voir aux salons de Paris ou de Lyon. L'exécution en était sobre et simple. Le por- traitiste cherchait les traits principaux et les écrivait net- tement. Il résumait. On voyait en lui l'artiste plus jaloux de son art que préoccupé de nous plaire. Ces mille détails qui piquent notre curiosité, ces riens dont notre puérilité s'émerveille, il les négligeait. Il ne faisait dépendre 'd'un simple accident le caractère d'une figure. Peut-être son goût de style l'amenait-ilà corriger un peu nos libres allures et à nous prêter une tournure moins modeste que la nôtre. Peut-être était-il un peu lent, lui qui n'improvisait pas et dont la main ne savait obéir qu'à une attention réfléchie. Tant de sollicitude pour le bien-faire mériterait notre re- connaissance. Qui sait si, grâce au soin apporté à l'œuvre, notre image ne sera pas plus précieusement conservée, et si, avec elle, notre mémoire n'aura pas la fortune de vivre une heure de plus. Les portraits au pastel de Gabriel Tyr présentent une originalité particulière. Cette peinture si frêle et qu'un souffle va dissiper, il lui a donné un aspect solide et résis- tant. On peut croire que le temps sera contraint de respec- ter ces beaux pastels des salons de 1849 et de 1861. Quelle finesse dans le portrait du fils Tyr tout enfant, et quelle juste expression de curiosité boudeuse ! Quelle délicatesse dans le portrait de la jeune fille couron- née de fleurettes ! L'artiste a trouvé la grâce sans la cher- cher, non point une grâce de hasard et toute fugitive, mais cette grâce naturelle , libre d'artifices, qui est le reflet d'un habituel état de paix et de séréntié d'âme. Un tel peintre ne passa pas inaperçu. Il obtint les suffra- ges les plus enviables. Dès 1852 (1), M. de Mercey le si-