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LES BERGES DE LA SAÔNE. 263 inverse son premier travail, et se mit a combler lentement son lit primitif devenu trop vaste, par des de'pôts argileux très-fins et très-homogènes, qui sont encore en voie d'ac- croissement. Les produits des deux premiers âges, caractérisés par des débris de la faune quaternaire, peuvent et doivent sans doute renfermer des traces de l'industrie humaine, puisque les stations de Solutré, de Charbonnières et de Vergisson nous apprennent que les plateaux supérieurs de la vallée étaient alors habités par l'homme contemporain de l'Ours des cavernes, du Mammouth et du Renne (1). Quant au limon argileux, jaune et compacte, qui recouvre les marnes bleues, et ne contient que des espèces encore vivantes, il appartient tout entier à l'époque actuelle et ren- ferme de nombreux gisements archéologiques postérieurs a l'époque du Renne, que nous allons étudier. Chaque année, par suite des crues d'automne et de prin- temps, la Saône se répand, comme on le sait, sur les vastes prairies qui occupent le fond de la vallée. Il arrive alors que les eaux chargées de particules terreuses et très-lentes dans leur cours, déposent à la surface du sol une certaine épais- seur de limon qui produit a la longue un exhaussement de la plaine. Ce linceul naturel recouvre peu a peu les débris de chaque siècle, qui se trouvent ainsi enfouis sous un dépôt d'alluvion, dont l'épaisseur croît avec le temps. Il se produit de cette façon une sorte de stratification régulière, sans confusion, dont chaque couche correspond a un âge différent et renferme des fossiles caractéristiques de cet âge. La na- ture forme en quelque sorte un vaste musée où chaque gé- nénération humaine vient jeter des épaves, où chaque objet occupe sa place chronologique relative. (1) Voir : H. de Ferry, l'Ancienneté de l'homme dans le Maçonnais. Gray, 1867.