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248                    VISITE AU SALON.

ils sont tous, la terrasse des Minimes, à laquelle on a en-
levé tout son pittoresque et son heureuse disposition de
lignes au moyen des jardinets et des pentes de gazon subs-
tituée aux terrasses. Mais si prosaïque que soit le sujet on
ne peut refuser une sincère admiration pour cette puissance
de relief, cette distance entre les divers plans, cet air qui
circule et rend la toile profonde comme la rature,cette lumière
obtenue sans le secours des repoussoirs exage'rés, cette
 neige qui est de la vraie neige et non une couche uniforme
de blanc de plomb et dont on sent la froidure. Et comme l'ar-
tiste a bien compris et bien rendu la crudité relative de tons
que le manteau neigeux impose à tous les objets restés hors
de son atteinte, et le mélange indéterminé de la neige et de
la boue du chemin, et la légèreté des flocons suspendus aux
 branches et aux corniches. Avec cela, M. Chenu est un des-
 sinateur correct, il ne lui reste donc plus qu'a voyager un peu
dans les régions de l'idéal, qu'à étudier la nature non plus
dans les squares et les faubourgs, mais dans les retraites
privilégiées où ne circulent ni fiacres, ni omnibus, ni chemins
de fer, où s'épanouissent des arbres antiques, où d'harmo-
 nieuses clartés illuminent des rochers véritables et des hori-
zons sans fumée. Quelques paysagistes sont restés fidèles a
 la poésie des champs et aux sites composés; l'exagération
 de ce côté est aussi redoutable, elle engendre la monoto-
 nie et crée une nature ennuyeuse parce qu'elle est im-
 possible. M. Flandrin est un peu dans les impossibles, mais
 il reste bien inspiré dans ses imaginations et séduisant
 par le calme de ses harmonies; devant ses petites toiles on
 se prend à rêver des idiyles antiques, des nymphes et des
 vers limpides et sonores des Géorgiques. M. Girardonesl
 éclectique et reste vrai en choisissant les sites grandioses
 de la Provence. M. Lortet se réfugie dans la nature alpes-
 tre et chaque année la traduit avec une nouvelle perfection.