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242 ESSAI SUU LE LIVRE TIE JOli.
cette première production de son talent. Si M. Moglia nous fait
l'honneur de prendre en considération nos avis, nous lui conseillerons
d'abord de ne pas se laisser guider par une idée préconçue, de se
défier de l'impression qui résulte du spectacle des événements de son
époque, parce qu'elle nuit au sang-froid et trouble le jugement. Plus
d'un interprète y a été trompé ; ensuite, de laisser de côté les sources
contestées, parce qu'on n'en tire que des lumières douteuses. Nous lui
conseillerons encore de ne point prendre en pitié les raisonnements de
ses adversaires , quand ceux-ci s'appellent Corneille la Pierre et
Bossuet, mais de les réfuter solidement ; puis de ne pas affirmer des
conjectures, comme si c'étaient des faits réels, Ce genre-là peut impo-
ser aux esprits vulgaires, mais il choque les esprits sérieux, qui
n'aiment point qu'on les contraigne à croire et veulent se faire eux-
mêmes leurs convictions. Enfin, si de la substance des choses il est
permis de descendre à la forme, nous lui conseillerons de donner un
ordre meilleur au classement de ses idées, ce qui le dispensera de se
répéter inutilement. Il serait bon aussi qu'il renonçât à ce jeu de
trois interlocuteurs qui ne disputent jamais, ne contredisent que des
adversaires absents, qui font assaut de politesses, au lieu do faire
assaut d'arguments, et sont trop parfaitement d'accord pour animer
la conversation.
En fin de compte, M. Moglia peut devenir un excellent exégète,
mais à la condition d'unir ses lumières à celles des savants commen-
tateurs qui l'ont précédé, et non de les dédaigner.
L'abbé CHRISTOPHE.
COMPTE-RENDU de l'ouvrage intitulé : TRÉSOR DE LA CHAPELLE DE
SAVOIE AUX xve ET xvie SIÈCLES. Étude historique et archéologique,
par M. A. FABRE, président du tribunal civil de Saint-Étienne.
Ce livre in-4°, qui réunit les avantages du luxe typographique au
mérite littéraire, est celui d'un magistrat qui remplissait, il y a quel-
ques années, ses fonctions judiciaires en Savoie. Il a eu la bonne for-
tune de recevoir des mains de l'érudit marquis Costa de Beauregard
une foule de titres relatifs à l'histoire de la sainte Chapelle du château
de Chambéry. Il faut savoir gré à l'auteur d'avoir su rétablir les textes
fautifs qui lui ont été communiqués d'après les inventaires de 1452 et
de 1578.
Le document qui m'a paru le plus important est la charte relative Ã
la construction et à la dotation de la sainte Chapelle, qu'on lit in ex-