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240                 ESSAI SUR LE LIVRE DE JOB,
 son exégèse, encore une fois, est bon, et s'il n'a pas embrassé toute
 la vérité, il nous paraît en avoir saisi un coin important.
    Pour en revenir à M. Moglia. il y a dans son travail des choses qui
 méritent d'être louées sans réserve. Ainsi, nous l'aimons lorsqu'il
 prend à quartier M. Renan, et qu'il nous montre que co nouvel
 ennemi de l'Église n'est pas moins le détracteur des saints livres
 que le calomniateur de Jésus-Christ. Nous l'aimons encore lors-
 qu'il nous affirme que le livre de Job n'est pas une histoire exclusi-
 vement personnelle, mais qu'il faut voir, dans les malheurs et les
 prospérités du patriarche de l'antique Idumée, les combats et les
 victoires, les persécutions et la gloire de l'Église chrétienne. C'est
 qu'ici il touche au vrai. Malheureusement il ne s'y tient pas assez et
 retourne trop souvent à l'idée apocalyptique telle qu'il l'a conçue.
    M. Moglia repousse la tradition à l'égard de l'exégèse. Il a peut-être
 raison, car, si estimables que soient les commentateurs, il ne faut pas
 considérer leur autorité comme une arche sainte à laquelle il soit
 défendu de toucher. Mais nous ferons pourtant observer qu'il y a peu
 d'ordres scientifiques où les lumières de l'érudition se montrent avec
un plus imposant éclat que chez les commentateurs de l'Écriture
sainte. Quand donc ceux-ci s'accordent à donner le sens d'un texte,
il y a dans cet accord une autorité dont on ne doit s'écarter qu'à bon
 escient, parce qu'il y a péril à s'égarer en voulant faire école. Nous
 sentons quelque peine à dire que M. Moglia fournit un exemple de ce
 péril. Nous ne réfuterons pas les singulières licences qu'il se donne à
cet égard, parce que nous ne voulons pas écrire un livre. Nous le
laisserons croire, si l'envie lui en prend, que l'Antéchrist sortira de la
 Russie, parce qu'elle est la petite corne issue des dix cornes vues par
le prophète Daniel, et encore que Russie. Moscow et Tobolsk sont
contenus dans les mots hébreux Ros. Mosoch el Thubal. Mais nous ne
pouvons lui passer cette outrecuidance si fièrement exprimée : « Ah !
il est temps d'en finir avec les commentaires sur tant de textes pro-
phétiques. » Non, nous ne saurions voir, à aucun titre, dans M. Moglia,
un réformateur de l'exégèse sacrée.
   Finissons par l'article qui concerne le rappel des dix tribus Is-
raélites dans leur ancienne patrie. M. Moglia sépare, sans en donner
la raison, ce rappel de celui du peuple juif. Selon lui, ces dix tribus
s'enfuirent, lors de la captivité, dans une terre inconnue, où elles
furent guidées par les mêmes prodiges que ceux qui signalèrent l'en-
trée dans la terre promise au sortir de l'Egypte. Et quelle est la source