page suivante »
234 ESSA! SUR LE LIVRE DE JOB. fortune publique comme de leur propriété, et à force d'impôts les peuples sont'écrasés. La révolution est partout en travail. Sur tous les points du globe on voit des éléments de conflit. Partout le mécon- tentement, partout le même cri d'effroi : Où allons-nous ? Eli ! où allons-nous, sinon à l'abîme d'une ruine universelle, ou, pour mieux dire, à un immense chaos ? » Plus loin, l'auteur signale le progrès des inventions modernes, la vapeur, l'électricité, les chemins de fer, la tendance des diverses nationalités à se grouper entre elles, comme autant de moyens préparatoires au règne universel de l'Antéchrist; puis, la corruption de l'esprit et du cœur, puis le spiritisme, puis les tables tournantes. N'en déplaise à M. Moglia, on ne voit pas très-bien comment les découvertes de la science moderne, qui sont la gloire de notre temps, et la brillante application, que l'industrie en a faite au progrès social seraient le présage des derniers malheurs du monde, Mais passons. 11 y a beaucoup de vrai dans le tableau que nous venons de citer. Ce vrai, toutefois, est-il de nature à justifier les présages que notre auteur en déduit? Pas plus que M. Moglia nous ne nous dissimulons la gravité des symptômes qu'il signale et la légitimité des craintes quïls inspirent pour le repos à venir de l'humanité Mais encore une fois, ce n'est pas d'aujourd'hui que ces symptômes existent. De tous temps, il y a eu. de lourds impôts, des complots, des révolutions, des luttes armées entre les peuples, de nombreux soldats, des motifs. d'inquiétude et d'effroi. L'unité dont nous menace la tendance des nations à se grou- per en immenses faisceaux serait-elle plus formidable que celle de l'an- cien empire romain, où jamais plus puissant despotisme ne domina une plus abjecte servitude? Dans cet empire, qui embrassa le monde connu, la corruption intellectuelle et morale n'y était-elle pas au comble? Au milieu d'une civilisation que la nôtre n'a pas encore dépassée, au milieu du plus grand développement de la littérature et des arts, ne voyait-on pas surgir les doctrines les plus extravagantes? Le spiritisme, dont on fait tant de bruit, se montrait même plus savant qu'aujourd'hui, puisque non-seulement il faisait parler les tables, mais encore faisait prophétiser les chèvres. Magi... habenles dœmomim assistentem sibipotestatem, par quos et capree et mensœ divinare con- sueverunt (1). 11 y avait alors des magiciens auprès desquels pâliraient Alan Kardek'et'les frères'Dawempoort. Et certes s'il paraissait tout (l).Tertull. Apolog. c. XIIII.