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MONOGRAPHIE DE L ' É C U S E DE BROU. 227 trouver à Brou, il restera toujours, dans l'analyse conscien- cieuse que voudra en faire tout e'crivain impartial , une grande part d'admiration pour le ton général de l'œuvre, la verve puissanîe et féconde que l'architecte y a de'ploye'e. On conviendra aisément que la hauteur modérée des voûtes, le système de pénétration de leurs nervures sur les piles et l'absence de chapiteaux au sommet de celles-ci, sont moins des défauts contre les règles de l'architecture que les caractères distinctifs du goût de l'époque où l'édifice a été conçu. Chaque période du moyen-âge a produit des œuvres remarquables ; et au lieu de s'attacher exclusivement à un genre, on devrait s'habituer a rechercher et a voir le beau dans tous les styles, sans trop se préoccuper de leur physio- nomie particulière. Parmi les griefs accumulés, au milieu de tant d'éloges, par M. Didron contre l'église de Brou, il en est un que je ne puis m'empêcher de signaler et qui résulte pour lui de l'absence d'arcs-boutants, qu'il compare « aux arches aériennes d'un « aqueduc traversant une vallée profonde d'une montagne à « l'autre sans changer de niveau. » Ce qui contribue pour- tant a tempérer ses regrets, c'est qu'il trouve que les contre- forts de Brou, « quoique assez plats, sont d'un bon effet et « découpés de niches et de festons a forme ogivale, qui « leur donnent une grande légèreté. » Le système butant de l'église de Brou mérite quelque at- tention, car il est d'une simplicité et d'une efficacité remar- quables. Il donnerait à penser que l'emploi des arcs-boutants dans nos modernes constructions gothiques, n'est pas tou- jours bien raisonné ni judicieusement adopté en maintes cir- constances. A Brou, la nef étant peu élevée au-dessus des collatéraux, on a réussi parfaitement a maintenir l'équilibre des forces agissantes des voûtes malgré leur épaisseur, et des arcs dou-