Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                           SAMUEL SORBIÈRE.                             129

 conseiller Guiran, cet érudit « avoit déjà amassé et heureu-
 sement expliqué plus de 500 inscriptions (t) que le trésor
 de Gruler avait mal transcrites et que les doctes avoient
 encore plus mal interprétées (2). »
     Bientôt, las de la vie qu'il menait h Paris , Sorbière se
 rendit à Rome, et pour attirer sur lui l'attention d'Alexan-
 dre VII, il lui adressa une lettre écrite en latin dans laquelle
 il se plaignait amèrement des calomnies auxquelles il était en
 butte de la part des protestants. Le Saint-Père lui fit un
 très-bon accueil, et le gratifia de plusieurs bénéfices (3).
     Vers le même temps un de ses amis lui ayant écrit que
•les scandales dont il devait être témoin a Rome le porteraient
 bientôt a rentrer dans l'église réformée, Sorbière lui répondit
 qu'il n'avait rien vu qui ne l'eût édifié, et que la pompe de
 la Cour romaine n'empêchait pas que l'on y vît beaucoup
 d'affabilité et de modestie. « En mon particulier, je puis
 assurer, disait-il, que je n'ai point remarqué en aucune des
 Eminenees dont j'ai eu l'honneur de m'approcher, tant de
 fierté qu'il y en a en quelques ministres de notre connais-
 sance, et que, en toutes les audiences que j'ai eues du Saint-
 Père, je lui ai parlé avec la même liberté que j'entretiens

   (1) Deux historiens lyonnais, Champier et Paradin, paraissent être les
premiers en France qui aient attaché quelque importance aux inscriptions
antiques ; mais c'est surtout au xvne siècle que l'étude s'en développa.
Pierre de Samt-Romuald rapporte dans les Èphémérides du 8 mai que,
« l'an 1639, la sécheresse ayant mis presque à sec le Rhône près d'Arles,
on découvrit en son lit plus de cent tombeaux avec quantité de médailles et
d'inscriptions.
   (2) La lettre de Sorbière à Suarès est datée du 15 juillet 1654. On la
trouvera dans le recueil, p. 540,in-4.
   (3) Le pape lui donna deux pensions dans le Comtat Venaissin, l'une
de 150 livres sur la cure de Villes, au diocèse de Carpcntras, l'autre de
136 sur un canonicat deSaint-Sympharicn d'Avignon; plus tard, le prieuré
de Saint-Nicolas de la Guerche au diocèse de Rennes, qui rendait 500 livres.

                                                                   9