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RECHERCHES SUR LA ZOOLOGIE MYSTIQUE. 73 Un grand nombre d'auteurs ecclésiastiques représentent la licorne comme le sujet d'un symbolisme très-relevé, et tirent de sa merveilleuse histoire des allégories relatives a plusieurs mystères de la religion. L'extrait suivant des Ins- titutions monastiques (1), fera connaître les particularités les plus importantes des mœurs de la licorne, en même, temps que la scène symbolique où elle figure particulièrement. « Il est un animal appelé rnonoceros ; mais monoceros est grec; on le nomme unicornis en latin, parce qu'il a une corne placée au milieu de la tête... Aucun chasseur ne peut le prévenir ou le prendre par force, mais on s'en empare par dol et par feinte. — Les chasseurs amènent une belle jeune fille vierge, dans le lieu où l'animal demeure, et l'y laissent seule ; dès que celle-ci voit l'unicorne, elle ouvre son sein : aussitôt que l'unicorne s'en aperçoit, dépouillant sa férocité, elle vient placer sa tête dans le sein de la vierge ; dormant dans cette position, l'unicorne est prise par les gens qui guettent, et amenée dans le palais du roi. « Ainsi, le Seigneur Jésus-Christ, unicorne spirituel, des- cendant dans le sein de la Vierge, ayant été saisi par les Juifs dans la chair qu'il avait prise, fut condamné au sup- plice de la croix. De quoi David (ps. XXVIII, 6) : « Et ainsi que les fils chéris des unicornes ; » et en un autre endroit (ps. xci, 11) : « Et ma force (cornu meum) sera "élevée comme l'unicorne (1) » ; et Zacharie (Luc, I, 69) : « 11 a élevé la corne de noire salut dans la maison de David son servi- teur, etc. » Cette manière d'interpréter les textes sacrés montre une connaissance de la zoologie mystique qu'on ne pourra recouvrer que par de profondes recherches, car la chaîne traditionnelle de cet enseignement a été rompue. (1) Livre H (Hug., Opp. t. H, p . 420.)