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510 L'AFFÛT DU LOUP BLANC. — Tu es un incrédule et une mauvaise langue, et je de'sire que tu te croises avec le loup blanc. — Et moi donc ! Quinze francs de prime, et la peau qui vaudrait cher, pour sûr!... Cette fois, j'achèterais un fusil à deux coups... et à piston... — Eh bien ! répliqua Copinel, c'est facile ; j'ai rencontré le loup au sortir des Combes de Puymorel; il allait passer le col de Saint-Grignon pour redescendre de ce côté-ci de la montagne. Parla il n'y a que des landes, il n'y restera pas le jour; donc cette nuit, un peu plus tôt, un peu plus tard, il retournera aux Combes par le même passage; va l'attendre près de la chapelle de Saint-Grignon, tu le verras immanqua- blement. — Hum ! c'est qu'il fait un temps de loup ! — Raison de plus, fit maître Corniflet en riant le premier de ce trait heureux. — Si je savais! dit Grenaille... — Tiens ! s'écria Bertelin , qui avait du bien au soleil et pas d'enfants, une proposition! Tu vas aller à l'affût; si tu tues le loup , je te donne deux louis ; si tu le blesses, je t'en donne un; si tu le vois sans le blesser , tu me promets une paire de bécasses ; si tu ne le vois pas , nous sommes quittes. Est-ce parlé, ça? — C'est parlé pour ne rien dire. Comment saurez-vous si j'ai blessé votre loup, si je l'ai manqué ou si je ne l'ai pas vu? — On te connaît: tu n'es pas menteur; je me fie a ta parole. Est-ce parlé, ça? — Pour cette fois, c'est parlé, et j'accepte; topez!... — Bon ! tu n'as pas soupe,puisque tu rentres de la chasse; nous allons manger une omelette et une salade , c'est, moi qui paie. — Ma foi, ce n'est pas de refus, ça me donnera de l'a- plomb.