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                     I/AFFUT DU LOUP BLANC.                    501

  Il a subi tant d'avaries et par suite tant de réparations, avec
  du drap de couleurs si diverses, que l'étoffe première, d'un
  beau vert-olive, a presque disparu, et que l'ensemble de ces
  mille pièces rapportées ferait un splendide manteau d'Arle-
  quin. Les billes s'incrustent dans les bandes flasques et
  éraillées. Un de mes rêves, — qui ne se réalisera pas plus
 que les autres, hélas ! — serait de voir l'illustre, le puissant,
 le terrible Berger lutter sur cette vieillerie, contre les forts
"de l'endroit ; je ne parierais pas pour Berger.
     Quant au Siècle, il m'a été donné de l'entendre lire par le
 maître d'école, Isidore Corniflet, et commenter par Jérôme
 Pitoflar, Thomas Bertelin, Jacques Matheron et Cadet Copi-
 nel, conseillers municipaux et membres assidus du cercle de
 l'Ordre, lequel, faute d'autre local, tient ses séances dans la
 salle commune, l'été autour d'un vieux guéridon, et l'hiver
 autour d'un poêle en faïence.
     Le journal épuisé jusqu'aux annonces inclusivement, la
 discussion s'ouvre lumineuse, palpitante et libre.
     — D'abord-et-d'une! affirme Jérôme Pitoflar, ex-soldat
 de l'Empire, qui laisse M. de Boissy bien en arrière en fait
 d'anglophobie, d'abord-et-d'une! il faut confisquer l'An-
 gleterre! Une fois l'Angleterre confisquée...
     — Ça se pourrait, ça se pourrait bien, répond invariable-
 ment Thomas Bertelin.
     — Breum, breum ! tousse Jacques Matheron, en hochant
 la tête et en avançant la lèvre inférieure. — C'est sa manière,
 à lui, d'émettre une opinion. —
     Cadet Copinel ne sonne mot, sauf dans les graves occa-
 sions ; il passe pour un homme très-profond.
     — Une fois l'Angleterre confisquée , reprend Jérôme
 Pitoflar, le reste ira comme sur des roulettes ! . .
     Cette misérable Angleterre ! elle est la cause directe ou
 indirecte de tous les maux qui affligent l'humanité ! Dans