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496 JACQUES DE VINT1MILLE. ville Soliman, empereur des Turcs. Jeune, ambitieux, plein d'ardeur, enorgueilli par la prise récente de Bel- grade, le Sultan avait juré de venger l'échec subi devant Rhodes, quarante ans auparavant, par Mahomet II, son bisaïeul, sous le magistère de Pierre d'Aubusson. Toute- fois, avant de recourir à la force, il fit à l'Isle-Adam des propositions que celui-ci repoussa comme il convenait à un chevalier chrétien et à un Français; et au mois de juin 1522, une armée formidable, une de ces armées fa- natiques et barbares qu'ont plusieurs fois poussées contre J'Europeles monarques d'Orient, descendit dans l'île, et investit la ville de Rhodes. Le moment était d'autant mieux choisi pour en faire le siège, que les princes chré- tiens, divisés parla réforme de Luther et occupés aux guer- res de François 1 er et de Charles-Quint, ne pouvaient prê- ter aux chevaliers en péril aucun secours. La fermeté du grand-maître n'en fut point ébranlée, et quoiqu'il ne pût en ce moment opposer à l'ennemi que six cents chevaliers et environ quatre mille cinq cents soldats, il prit toutes les mesures que commandait la situation et résolut de résister jusqu'à la mort. On comprend que dans un pareil moment tout homme en état de porter les armes était soldat. Aussi, dès le commencement du siège, Alexandre de Vintimille parut- il sur les murs avec les héroïques défenseurs de Rhodes. Déjà l'un de ses frères, Marc, avait payé à la cause de la religion un glorieux et sanglant tribut. Il était capitaine- général de marine ; ayant rencontré huit galères turques, il les attaqua résolument, quoiqu'il n'en eût que quatre, parvint à en couler deux et en prit trois ; mais le feu s'é- tant déclaré dans celle qu'il montait lui-même, il se pré- cipita au milieu des Turcs, qui le massacrèrent. Ses frères affligés, faiais victorieux, ramenèrent à Rhodes les trois