Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                     CHRONIQUE LOCALE.

   On rentre, on est rentré. Le vent qui fait tomber les feuilles a fait
fuir les citadins en rupture de ban. Les châtelaines ont fermé leurs
placards et mis les housses sur les fauteuils, les négociants ont dit
adieu à l'omnibus qui les emportait chaque soir ; les écoliers ont re-
pris avec enthousiasme le chemin du pensionnat, les magistrats eux-
mêmes ont renoncé aux douceurs de la villégiature pour assister à la
messe du Saint-Esprit et entendre le discours de rentrée de M. l'avocat
général sur les législations anciennes et modernes; seuls, quelques
propriétaires sont encore aux champs pour recevoir leurs baux de la
Saint-Martin, et les chasseurs pour voir passer les bécasses.
   La ville, de son côté, se réveille de son sommeil d'été; la foule,
revient, l'activité renaît, les salons reprennent leur éclat et les devan-
tures des magasins offrent toutes leurs séductions.
   Les livres nouveaux brillent aux étalages de Méra et de Glairon-
Mondet. La littérature locale demande sa place au soleil. C'est l'ou-
vrage de MM. Marmy et Quesnoy : Topographie médicale du départe-
ment du Rhône et de la ville de Lyon; c'est la Physiologie du mariage,
de M. le Dr du Queyras (un pseudonyme), dont la première édition
est déjà épuisée et dont la seconde est sous presse ; c'est On ne croit
plus à rien, par M. Victor Corandin, autre pseudonyme ; un délicieux
roman, Edouard, par Dominique, encore un pseudonyme ; De la
Puissance des noriibres dans ses applications à l'impuissance des
bourses, essai de métaphysique transcendante renouvelée des Grecs,
 (non approuvé par le Conseil impérial de l'instruction publique), par
Adam Nemzetség, charmant badinage d'un des plus aimables écri-
vains de nos environs, qui signe d'un pseudonyme encore plus obscur
que les autres... Eh bien ! MM. les Lyonnais, avez-vous peur d'être
 connus? rougiriez-vous d'avoir de l'esprit et du plus fin et du meil-
leur? Allons, la célébrité a du lson et la modestie n'est plus de mode.
Voyez à Paris si on en a. C'es/Sw la pointe d'une aiguille, par M. de
 Gravillon, un vrai nom celui-l»et que nous avons loué il y a un ins-
tant ; Confidences à l'oreille a"wie jeune fille, par Antdnin Thivel ; La
 belle jeunesse de François Lapalud de Saint-Laurent (Ain), par Tony
 Réveillon ; et, dans un autre genre, une Notice sur la fondation du
monastère de la Trappe de Notre-Dame des Bombes, par M. l'abbé
Martin, curé à Ceyzériat. Deuxième édition. Enfin, sous ce titre : Du
sentiment de la nature avant le christianisme, M. Victor de Laprade,
de l'Académie française, vient de publier une véritable histoire de la
poésie antique, depuis celle de l'Inde jusqu'à celle des Latins. Les
rapports de la littérature et des arts avec la religion y sont étudiés
avec toute la conscience et le talent qui distinguent l'auteur des
 Questions d'art et de morale. C'est la première fois que la poésie de
l'Orient primitif se trouve mise en plein parallèle avec la poésie grec-
 que et romaine, et les cultes naturalistes de l'Asie avec la religion tout
humaine des peuples de .l'Occident. L'auteur des Questions d'art et de
morale avait déjà fait ses preuves comme penseur et critique d'art.
 Ce dernier ouvrage est une nouvelle preuve de celte union, dans ce
même esprit, de la philosophie et de la poésie, union trop rare et né-
cessaire pourtant, surtout quand il s'agit d'écrire l'histoire des litté-
 ratures antiques. Nous recommandons vivement ce beau livre à tous
 ceux qui veulent résumer leurs études sur Fart ancien, et en particulier
sur le monde grec.