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BIBLIOGRAPHIE SUR U E POINTE D'AIGUILLE, N par Arthur DE GRAVILLON. Paris, Lyon, 1866, bel in~8°, 1 franc. Que feriez-vous tenir sur une pointe d'aiguille? la sco- lastique du moyen âge enseignait qu'un million d'anges pourrait s'y reposer a l'aise. Nous le croyons sans peine. L'Ange étant un pur esprit, et l'aiguille étant matière, c'est par nombres incalculables, infinis qu'on peut grouper ces célestes messagers sur l'espace que nos faibles yeux per- çoivent à peine. M. de Gravillon, dont nous connaissons l'imagination brillante et hardie, n'est point entré dans ces calculs; il s'est contenté de poser sur la pointe de son aiguille un livre, un joli volume, pour lequel il a dessiné lui-même un bois d'une extrême et bizarre originalité et aussi triomphant que s'il eût gonflé une bulle de savon, aussi fier que s'il eût écrit le Voyage autour de ma chambre, il a dit au public : Voila vingt-cinq chapitres ! Il y a de tout dans ce volume, et bien autre chose encore; cela brille, miroite, éblouit; c'est coquet, léger, fin; ha- sardé quelquefois, spirituel toujours; les idées ne sont pas imperturbablement orthodoxes, le style n'est pas à perpé- tuité académique, mais comme il y a là de la vie, de la verve, de la rondeur! comme l'auteur est bien lui! comme on sent le créateur, le penseur original, l'homme jeune, en qui la vie déborde, le cheval emporté qui bondit a travers les obstacles et les récoltes, et qui n'a besoin que d'un frein à la bouche et d'une charrette au dos pour ressembler à tous les êtres de son espèce, a la grande satisfaction de ceux qui n'aiment pas les élans désordonnés. Les journaux ont rendu compte de ce livre. Ce n'est pas une œuvre qu'on puisse laisser passer inaperçue. On l'a louée; on l'a critiçuée. On y a trouvé du neuf, grand éloge! Guignol a blâmé le style ; il s'y connaît. La Revue détachera un chapitre qui fera juger, mieux que nos appréciations les plus détaillées , le fort et le faible de ce volume, la manière e t le mérite de cet auteur : TOUT EN TRICOTANT. « Elle est debout et cambrée sur le seuil de son logis, tricotant un bas roux ou gris avec les cinq grandes aiguilles