Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                 LÉGENDES DE LA VILLE D'ARS.                  367

la terre, sur la lisière d'une sorte de fourré de roseaux qui
surgissaient du lac sur une assez grande étendue et où notre
guide avait voulu nous conduire dès le début, une certaine
quantité de pieux ou pilotis qui, tout d'abord, me rappelèrent
singulièrement ceux du lac du Bourget. Evidemment, —•
pour moi du moins, car mes compagnons, accoutumés de-
puis longtemps à la vue de ces objets et n'ayant encore
aucune notion pratique de cette partie de l'archéologie, ne
pouvaient consentir a voir dans ces quelques piquets les
restes d'habitations antiques, — évidemment, dis-je, nous
naviguions au-dessus d'une station lacustre à laquelle je lais-
serai le nom que les pêcheurs donnent a ce lieu, celui de
station des Grands Roseaux. J'y constatai la présence de
plus de 150 pilotis, k une profondeur moyenne de un a deux
mètres en temps ordinaire, offrant, hors de la vase, une
longueur d'environ un mètre pour la plupart et au-dessous
pour les autres, quelquefois même n'émergeant de terre que
leur tête bourbeuse et moussue. La distance qui les sépare
 varie beaucoup : plantés, en général, a environ un mètre
 de distance, il en est de beaucoup plus rapprochés, comme
 aussi de plus éloignés ; mais Carus eut soin de me dire
 que, de toute antiquité et de père en fils, les pêcheurs ne
 se font pas faute de les arracher quand ils le peuvent; soit
 pour se procurer du bois, soit pour débarrasser le lac de ces
 hôtes si funestes parfois à leurs engins de pêche. On ne peut
 donc tirer aucune induction de leur position actuelle ; il y a
 la un désordre apparent que l'on s'explique facilement par
 ce qui précède. Une partie de ces pilotis offre une singulière
 disposition, et il en jaillit un trait de lumière sur les procédés
 dont on s'est servi pour les planter. Soit que les Allobroges
 des bords du lac, à cette époque reculée, n'eussent pas à
 leur disposition de moyens mécaniques pour enfoncer facile-
 ment les piqueta, soit que la nature du sol (poudingue ou