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330             LÉGENDES DE LA VILLE D'ARS.

qui sont venus après lui : non que leur but soit d'établir des
phases de civilisation tranchées et exclusives, pendant les-
quelles on ne se serait servi que de la pierre, du bronze ou
du fer; mais afin de créer une méthode qui permette
d'attribuer a certaines époques des instruments ou objets
introduits successivement dans l'usage et qu'on a bien pu,
pendant un temps du moins, employer simultanément. La
pierre et le bois, seuls, ont dû appartenir a une civilisa-
tion unique et primitive, les âges qui Font suivie ont profité
des découvertes plus récentes, sans repousser pour cela les
usages et les habitudes établis depuis longtemps, ou du
moins en ne les abandonnant que par gradation. C'est un
mouvement dont chaque jour nous sommes témoins à tous
les degrés de notre civilisation actuelle.
    C'est ainsi que, lentement, mais progressivement, les
ustensiles dont se servaient nos pères sont délaissés et
tombent dans un oubli tel, que, si le hasard en fait décou-
vrir quelqu'un au bout d'un certain nombre de siècles ou
même d'années, l'homme moderne reste étonné et se de-
mandé quel pouvait être l'usage de ces objets ; il va même
parfois jusqu'à nier leur attribution a l'industrie humaine.
    C'est ainsi que les vieux témoins de nos premiers
temps furent peu a peu si bien oubliés, qu'au moyen âge
il esta peine question d'eux, et simplement comme sujets de
grossières légendes ou de non moins grossières supersti-
tions. Les dolmens ont donné lieu à beaucoup d'hypothèses
saugrenues, tentées par des gens qui n'en avaient jamais
vus ou n'avaient pu les étudier que dévastés ou a demi
détruits, et qui, ne pouvant se rendre compte de leur état
primitif, rattachaient à leur "état actuel une destination plus
ou moins ingénieusement appliquée. Ainsi a longtemps
prévalu l'opinion qui en avait fait des autels, des tribunes
aux harangues ou des pierres a sacrifice. Il était pourtant