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LA PEINTURE. 305 Je possède un assez grand tableau de l'école vénitienne, (de Palma, mais digne d'un nom plus illustre). Lorsque je l'acquis, il était dans un état déplorable; la toile en était crevée et de certaines parties de draperie semblaient comme rissolées, comme brûlées. Je le fis remettre sur toile, marouffler , comme on dit, et je mastiquai les parties détériorées. Cette très-belle peinture était sous une crasse désolante qui ne pouvait se supporter. — J'essayai de la dévernir, de la nettoyer avec les réactifs ordinaires, usant de beau- coup de prudence et de précaution. Malgré ces soins, les frottis du peintre qui constituaient son admirable mode- lage, disparaissaient, s'évanouissaient et me mettaient au désespoir. Je m'arrêtai bien' vite , et comme le tableau m'appartenait,je risquai bravement mon procédé de l'huile. Je lui en fis donc boire; mais le malheureux avait tellement soif, qu'il m'en avala un litre entier. L'huile traversa les deux toiles, j'avais presque peur d'une inondation. Cependant, je ne laissai pas que de le frotter tous les jours avec du coton, lequel coton cette fois n'enlevait que la crasse et n'altérait nullement les glacis ni les frottis du peintre. Bref, la peinture reprit une vigueur, un éclat que j'étais loin d'espérer. — Je le laissai exposé, autant que je pus, à l'action de la lumière, de façonna ce que l'huile séchât à l'intérieur et au reverset ne vînt pas rancir et brunir à la surface. Ceux qui l'avaient vu dans son premier état ne pouvaient revenir de sa transformation. Restaient à foire les repeints , les accords. Sur l'article repeints, je reviendrai plus tard. — Il est des tableaux dont on enlève le vieux vernis avec les dissolvants ordinaires , employés purs ou mélangés entre eux : alcool, essence de térébenthine, huile, e t c . . essence de lavande, savon noir et même la potasse ! Tous 20