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LES OUVRIERS TYPOGRAPHES DE LYON. 293 moines. C'étaient de singuliers moines, ma foi, et les imprimeurs ne valaient guère mieux qu'eux, comme on va en juger. En effet, le seul monument où j'aie rencontré le titre d'abbé des imprimeurs est une lettre de rémission accordée à un nommé Claude Vial ou Duval, dit Le Camus, pour le meurtre d'un des suppôts de cet abbé. On apprend dans cette lettre (1) que MM. les imprimeurs fréquentaient les maisons mal famées, qu'ils couraient par bandes armées dans la ville, non pas précisément pour y faire la police. Voici les faits de la cause, tels qu'ils sont exposés dans la lettre de rémission, et bien entendu tout à l'avantage du requérant, le mort ne pouvant répliquer. Claude Vial et Mahiet Verdier son compagnon, tous deux archers de l'ordonnance du roi, à Lyon, soupaient un soir, le 16 mai 1493, aux étuves ou maisons de bains (ou plus exactement maisons de débauches, car ces étuves n'étaient pas autre chose au quinzième siècle, avec l'hôte et l'hôtesse de cet établissement, lorsqu'il survint un individu qui, après quelques paroles échangées, dit que l'abbé des imprimeurs, nommé Michel, s'était vanté de faire épouser à Vial une femme dissolue appelée Marguerite la Picarde, ou de la lui faire manger, ce dont celui-ci fut fort mal content ; mais ce fut tout pour le moment. Bientôt après, Vial et son compagnon se retirèrent avec deux filles, « pour eux coucher en une chambre desdites étuves, en laquelle survindrent aucuns jeunes compaignons de ladite ville pour passer le temps avec eux et demandèrent s'il n'y avait pas à boire. » À quoi le dit Vial et son compagnon répondirent que si ; mais comme ils n'avaient point de pain, Verdier descen- du) Archivai de l'Empire, reg, 77, n« 292,fol.54 y» ,