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                     CHRONIQUE LOCALE.
   — Où jeter les yeux? Que signaler dans ce fouillis d'événements
qui ont eu lieu le mois dernier ? Le feu d'artifice du 15 août est
éteint, et les illuminations de Belleeour se perdent dans les brouil-
lards du souvenir.
    La bénédiction du chemin de fer des Bombes a eu lieu le 25.
Moitié civile moitié religieuse , la cérémonie a jeté un vif éclat.
Présidée par M. le préfet de l'Ain, elle avait attiré outre l'élite des
populations intéressées à cette entreprise, le clergé du diocèse en-
tourant Mer de Belley, les Trappistes du Plantay , dont le nom a
été si savamment estropié par les journaux de Lyon, M. le Séna-
teur Chevreau, MM. Le Hon, Girod de l'Ain, Bodin, M. le préfet de
Saône-et-Loire, M. Béharelle sous-préfet de Trévoux, les membres du
Conseil général, des magistrats, des ingénieurs, des journalistes ; toute
cette foule paraissait heureuse des nouvelles destinées ouvertes à
cette Bombes, dont le nom semblait dire depuis des siècles : maladie
et pauvreté. C'est aussi cette pensée de régénération qui a fait la base
 des discours de MM. de Saiut-Pulgent, Le Hon et de Langalerie; ce
dernier surtout a ému l'auditoire en bénissant l'œuvre de MM. Man-
gini. Les paroles du cœur ont toujours le pouvoir de faire vibrer les
hauts sentiments de l'âme.
    B'une fête complète et charmante passer aux événements Godard
n'est ni agréable ni facile. Nous devons cependant jeter un rayon de
lumière sur cette ténébreuse affaire ; nous le devons pour l'honneur de
 notre ville et aussi pour l'instruction des siècles futurs.
    11 est vrai, très-vrai que la mystification de la fête équestre donnée
précédemment par MM. Hermitte et Loyal n'avait pas très-bien pré-
paré le public : il est vrai, très-vrai que malgré le départ heureusement
 réussi de Jules Godard, le premier dimanche, dans son petit aérostat,
la foule avait été assez désappointée de voir immobile et inerte l'Aigle,
 que des ouvriers malhabiles avaient brûlé en le gonflant, et que malgré
la promesse d'un spectacle gratuit pour le dimanche suivant, elle,
 s'était retirée peu satisfaite ; mais il est faux que la population se soit
portée au Grand-Camp, le dimanche d'après, avec l'intention arrêtée
 de faire une émeute. La foule avait applaudi aux exercices gymnas-
tiques des frères Poirrier, elle avait ri de bon cœur aux ballons de
baudruche et rien n'annonçait la tempête ; quelques sifflets rares 'et
inoffensifs se faisaient entendre et la foule s'écoulait déjà, lorsqu'un
 spectateur, ayant arraché son banc, au troisième rr.ng de l'estrade,
 une personne zélée, qu'on prit pour un des frères Godard, s'élança vers
 lui et le menaça de "la main. A ce geste, la foule prit parti pour le
 casseur de planche et un orage de sifflets se fit entendre. La personne
zélée ayant saisi le banc et en ayant menacé la tête des siffleurs, la
foule se précipita de ce côté, jeta en bas de l'estrade l'homme et le
 banc, renversa les barrières, coupa les cordes, brisa les chaises et,
 montée à ce diapason, fit la regrettable scène de désordre et de vio-
 lence que les journaux ont décrite et flétrie. C'est notre conviction
 profonde que sans la menace mélodramatique adressée à un groupe de
 siffleurs, on n'aurait pas eu cette triste émeute. Pourquoi les'journaux
 n'ont-ils pas signalé cette provocation?
    — Et les débuts au Grand-Théâtre pendant lesquels on a étouffé les
 artistes sous les bouquets de fleurs? et l'Exposition de fleurs et de
 fruits? et l'inauguration de la Diana, à Montbrison, avec un discours
 magistral de M. le duc de Persigny en faveur de l'archéologie et de
 l'histoire? et les courses de Châtillon-les-Bombes et de Feurs? et les
 fêtes musicales partout? et le chemin de fer aérien de Saint-Jean à la
 Bemi-Lune ? la place nous manque pour en parler, mais nous avons
 eu l'intention.
                               AIMÉ VINGTPJNIER, directeur-gérant.