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                           CHRONIQUE LOCALE.                            181
importe peu qu'une partie des bâtiments existe encore ; ce détail n'in-
téresse que les romanciers et les touristes ; mais ce qui est grave, ce qui
est profond, c'est de dire : « le château de Beaujeu fut démoli en 1611 »
voilà une date, • • « Mémoires manuscrits de Louvet » voilà des preuves.
                 —
S'il fut démolit en 1611, d'après Louvet, il n'a pu receler le tableau d'un
peinlre né en 1618, •— autre date, — et si Louvet a dit dans ses mémoires
manuscrits, remarquez qu'ils n'ont pas été publiés, mais qu'ils sont ma-
nuscrits, ce qui leur mérite bien plus de confiance, si Louvet dit que
le château est détruit c'est comme si la loi et les prophètes avaient
parlé.
  — Pardon, je croyais que vous disiez vous-même qu'une partie des
bâtiments existe encore.
   — C'est une supposition, Louvet le nie.
   — Mais on m'a dit que la chapelle du château qui avait le titre de
collégiale, et dont M. Guigue a publié le cartulaire, n'a été détruite qu'à
la Révolution.
   — Qui le prétend? des rêveurs, des peintres, des fantaisistes ; Louvet
n'en dit rien, je le nie.
    — Que vous suspectiez l'authenticité du Murillo, jusqu'à plus ample
informé, je l'aurais compris; mais que vous releviez avec cette vivacité
l'existence actuelle d'une partie plus »u moins considérable du château
de Beaujeu et la provenance d'une vieille toile, c'est faire soupçonner de
votre part un peu d'animosilé contre la Revue. Cette publication glane en
vue des savants à venir, elle collectionne pour les historiens futurs, elle
reçoit pour donner. Si on lui glissait par mégarde une mauvaise pièce, il
vaudrait mieux la plaindre que de l'accuser si hautement de répandre de la
fausse monnaie. Accident n'est pas crime. Ici, elle a cru un confrère
ordinairement bien informé. Or voici ce qu'on lisait le samedi 23 juin
1866, dans le Journal de Villefranche, qui n'a pas été accusé jusqu'ici
d'être un léger disciple de l'Ecole de la fantaisie-
   « Nous apprenons par un de nos correspondants qu'il vient d'être fait
à Belleville-sur-Saône une découverte qui intéresse tous les artistes et les
amateurs de peinture. Le sieur Durrière, fermier de la Grenetle, avait
acheté il y a quelques années un vieux tableau égaré dans une ferme
et provenant du château des sires de Beaujeu; il représente l'Assomption
de la Vierge. Les connaisseurs qui l'ont vu prétendent qu'il doit être
attribué à Murillo dont ils croient avoir trouvé la signature. Ce tableau,
qui est parfaitement conservé, est dans un cadre de bois sculpté et doré ;
sa hauteur est de 1 mètre 20 cent., et sa largeur de 88 cent. »