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172             ON NE CROIT MX'S A RIEN.

qui puissent plaire beaucoup aux purs esprits. Les questions
morales ayant pour but l'amélioration des hommes et la re-
cherche de la vérité les touchent plus sûrement ; et, s'ils
sont toujours prêts à répondre à celles-ci, il arrive souvent
qu'ils refusent de se prêter a la so'uti.m de celles-là.
   Voilà qui est bien, ma foi, disais-je a part moi, nous
sommes un peu loin des somnambules, cette fois...
   — Monsieur, répliquai-je, j'apprécie toute la délicatesse
de ce:te distinction de la part des purs esprits, et je trouve
que vous êtes leur digne interprète ; seulement, me permet-
trez-vous de manifester un peu d'étonnement en trouvant
un contraste si complet entre vos idées et votre Langage
d'une part, et votre... prospectus de l'autre. Ici, je tirai le
papier.



   Il parut embarrasse, baissa les yeux et rougit loyalement.
   — Ah! oui, murmura-t-il, le prospectus... n'est-ce pas,
vous le lrouvc£ un peu....
   — Oui, un peu force... un peu dentiste.... photographe
même, si j'ose....
   — Hé!.... dites insensé, impudent; que voulez-vous!
c'est un prospectus, c'est tout dire. Et cependant vous, un
homme de sens , vous vous y êtes laissé prendre ; tout en
trouvant l'appât grossier , vous y avez mordu : jugez donc
combien d'autres, moins sages, en pourraient faire autant.
C'est triste à penser, Monsieur, mais, de nos jours, il faut
frapper fort, et faux au besoin, pour éveiller l'attention de
la foule. La vérité doit commencer par se faire saltimban-
que, a peine de rester ignorée. Vous me paraissez, du reste,
trop intelligent pour ne pas avoir remarqué qu'il en fut ainsi
de tout temps, a l'avènement de toute grande vérité dans le
monde.