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142 LÉGENDES DE LA VILLE D'ARS. pereur Frédéric la fondation de la Sylve-Bénite ; mais je dois me hâter d'ajouter que, contrairement a son habitude et malgré son amour pour le merveilleux, ilestd'une sobriété excessive quant a ce qui touche notre légende. 11 se contenle de raconter que, suivant les traditions po- pulaires, existait sur les bords du lac, il y a plusieurs siècles, la petite ville d'Ars, oppidulum , qui, par un jugement de Dieu, et au témoignage du pape Alexande III, fut détruite par les ennemis, parce que son voisinage était nuisible au monastère de la Sylve-Bénite (1), et engloutie par le lac ; cependant il ne dit point que toute la ville ait péri dans ce désastre, puisqu'il ajoute que son territoire et la chapelle furent attribués aux Chartreux par le pape. Après Aymar du Rivail vient Chorier (2). Sous sa plume, la légende étale toutes ses richesses, l'étymologie toute sa science. Non qu'il adopte sans examen les nombreuses et extravagantes histoires parvenues jusqu'à lui, et qu'il repousse, au contraire, comme absurdes pour la plupart ; mais malheureusement il ne nomme pas ses auteurs, pour ce qu'il rapporte sérieusement. Il dit bien que quelques uns ont publié telles et telles remarques ; mais ce qu'il en avance peut s'adresser en partie à Aymard du Rivail, et, pour le reste, je ne crois pas qu'on puisse donner a ce mot publié le sens d'une publication écrite ou imprimée. Je ferai ob- V. la Pièce justificative B. (1) Comment les Chartreux, si cela était, auraient-ils négligé de repro- duire ce témoignage dans leurs Annales''. Et, s'il n'en est rien , où donc du Rivail a-t-il puisé ce récit, et quels sont les ennemis dont il parle ? 11 est fâcheux que les titres qu'il a dû compulser ne nous soient point parvenus et qu'il ne les ait pas au moins cités pour donner à son récit le degré d'au- thenticité qui lui manque. (2) Hist. gèn. du Dauphiné {imi),t. i, p. 3 0 ; et (1672) t. u, p. 67 et 68. V. la Pièce justificative C.