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488             '        MUSIQUE DRAMATIQUE.

Cimarosa, PaesielloelPergolese, la terre qui a donné Martini
à l'harmonie et Rossini à la mélodie, ne produira pas un
génie capable de réunir les deux écoles, d'en faire un tout
harmonique et d'interpréter le XIXe siècle? — Oui, l'Italie
produira ce génie. Moi qui ne connais la musique que par le
cœur, par le sentiment, j'ignore par quels moyens il résoudra
le problème ; les voies du génie d'ailleurs sont cachées comme
celles de Dieu qui l'inspire. — Il est donné à la critique d'en
pressentir la naissance, de déclarer quelles et combien sont
les exigences des temps, de lui préparer la voie, mais sa
mission ne va pas au-delà.
   De tout ce que nous venons de dire, il résulte que le temps
de s'émanciper de Rossini est arrivé. Il n'est point d'artiste
qui n'en soit convaincu. L'école de Rossini, en effet, est
achevée et conclue : elle a réalisé toutes les conceptions de
son époque, et parlant, vouloir insister sur ses traces, ce se-
rait vouloir se condamner au rôle de satellite, car il est im-
possible de la dépasser. Il faut donc poser les bases de
l'école nouvelle en tenant compte de tous les éléments musi-
caux que les écoles antérieures ont développés ; il faut har-
moniser et diriger ces éléments vers un but précis, marier,
en un mot, la mélodie et l'harmonie, l'individualité et la
pensée sociale, le moi humain et le moi social (1).
   (1) La mélodie est immuable, elle est l'âme de la musique, mais l'har-
monie doit se modifier avec l'esprit des temps, car elle est à la mélodie ce
que la discipline est au dogme en matière de religion. « L'harmonie, la
science du contrepoint, la tonalité, les combinaisons du rhythme, l'instru-
mentation sont, dit M. Seudo, des accidents variables qui en constituent
le corps, et dont on la revêt, suivant le goût des temps et des peuples.
Prenez Palestrina ou Orlando di Lasso, Carissimi, Scarlatti, Keiser ou
Sébastien Baeh, Cimarosa ou Mozart ; Rossini ou Weber, en dépouillant
ces maîtres des formes diverses qui enveloppent leurs inspirations, il vous
restera une idée mélodique qui vivra de sa propre vie, et qui, comme la
Vénus sortant delà mer, brillera de l'éternel éclat de sa beauté native. »
(Scudo. — Ouvr. cit.)