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362 LA CHANSON DE ROLAND. Puisqu'ils sont sous les armes et à cheval, on peut être certain qu'ils n'esquiveront pas la bataille pour éviter de mourir. Les deux comtes sont bons et leurs paroles hautes. » « D'autre pari, l'archevêque Turpin pique son cheval, et monte sur un tertre ; il appelle les Français et leur tient ce discours : « Seigneurs barons, Charles nous a laissés ici. « Pour notre roi, nous devons bien mourir. Faites donc en « sorte de soutenir la chrétienté! Vous allez avoir bataille, « vous en êtes persuadés, car déjà les Sarrazins se montrent à « vos yeux. Reconnaissez vos fautes, demandez pardon à Dieu « et j'absoudrai vos âmes. » Les Français descendent de che- val, s'agenouillent ; l'archevêque leur commande comme pénitence, de se battre, puis il les bénit au nom de Dieu. » Suit un combat homérique, une série de merveilleuses prouesses. Les Français sont vainqueurs, ils ont défait cent mille païens. Mais voici Marsile avec une nouvelle armée de quatre cent mille combattants. La lulle recommence. «La bataille est merveilleuse et animée. Les Français frappent avec vigueur et colère. » « Quatre fois la bataille tourne bien pour eux. Mais à la cinquième, ils sont accablés par le nombre. » Roland se décide à appeler Charlemagne. « Roland a mis l'oliphant à sa bouche, il le tient ferme et en sonne de tou- tes ses forces. Les monts sont hauts et la distance est grande; cependant le son résonne à trente grandes lieues. Charles l'entendit ainsi que tous ses compagnons ! « Ah ! « dit le roi, nos hommes se battent. » « Non sans de grands efforts et de grandes douleurs, le comte Roland faisait sonner son cor. Un sang clair sort de sa bouche et les veines de ses tempes sont prêles à se rompre. « Le son de ce cor vienl de loin, dit le roi : » Le duc Naimes répond : « Je ne me trompe pas, on se bat ! Ar- « mez-vous, faites crier Monljoie et secourez votre noble suite.