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MOSAÃQUE D'iiN RÊVEUR. 471 En voyant sur le Ihéalre un acteur comique, la foule slu- pide s'écrie : que cet homme est heureux ! Hélas ! elle ne voit pas sous les oripeaux el les grelots les plaies béantes de son cÅ“ur ! VI. Quand le désenchantement vient saisir les penseurs soli- taires, les écrivains et les savants inconnus qui ont perdu l'espoir de se faire un nom, ils se disent amèrement: « A « quoi bon la culture de l'intelligence sans la gloire et la « renommée ! Qu'importe un rayon qui restera voilé, un trésor « destiné à demeurer enseveli dans les ombres implacables « de l'oubli ? » El, cette triste pensée les dévorant, ils quittent souvent les hauts sommels de l'étude et les régions spirituelles pour entrer résolùmenl dans la voie de l'abrutissement calculé. Ah! vous échapperiez à ce péril, pauvres cÅ“urs blessés, si vous saviez vous réfugier dans celle consolante idée que la somme d'intelligence et de savoir acquise ici-bas n'est pas inutile dans le monde où vous irez après la mort. Tout ce qui grandit et développe l'âme et l'esprit dans cette vallée de larmes est un piédestal qui secondera votre élan vers le cid ; ce sont des ailes qui vous emporteront dans les éternels es- paces. Tout ce que vous aurez appris, écrit et pensé de beau et de bien dans cette vie vous rendra plus apte à la posses- sion de l'infini. Oui, je m'imagine (si c'est un rêve, il me consolé) quo d'après cette grande loi des êtres, en vertu de laquelle rien ne se perd dans la création, la somme des connaissances acquises ici-bas doit forcément servir à quelque chose là -haut. Il me semble même voir refleurir dans l'éternité, avec l'éclat