Revue du Lyonnais » série 2 - n°28 ( 1864 ) » pp.454

454                  NAVIGATION A VAPEUR.

 vaux continués par son fils aîné, qui devint aussi un des Lyon-
 nais les plus dignes de mémoire.
    Jouffroy dut éprouver quelque consolation lorsque l'illustre
 savant M. Arago proclamait, en 1826 et 1827, dans ses cours
 aux élèves de l'Ecole Polytechnique el dans ses notices
 scientifiques publiées par l'Annuaire du bureau des longitu-
 des de l'année 1828, que Claude-Dorothée, marquis de
 Jouffroy d'Abbans, était le véritable inventeurde la navigation
 à vapeur. Tregold, dans son Traité des machines à vapeur et
 de leur application à la navigation, publié en 1828, répétait
 que l'idée de l'emploi de la vapeur pour faire marcher les
 bateaux, fut mise en pratique, pour la première fois, par le
 marquis de Jouffroy, qui construisit, en 1782, WJI bateau à
 vapeur qui, pendant seize mois, navigua sur la Saône.
    Dans l'enfantement laborieux de la navigation par la va-
 peur, deux faits demeurent constants: l'application couronnée
 d'un plein succès faite par Jouffroy sur la Saune a Lyon, en
 1783, el le premier service régulier établi par Fiilton en Amé-
 rique, sur l'Hudson, en 1807. Quel est, de Jouffroy ou de
 Fulton, l'inventeur de ce mode de navigation ?
    La priorité des découvertes scientifiques, constatée aulhen-
 (iquement, constitue un droit imprescriptible, indépendam-
 ment de l'exploitation industrielle dont les auteurs des plus
 grandes inventions profitent rarement. La date des conquêtes
 de l'esprit humain s'inscrit dans les annales du monde avec le
nom des véritables inventeurs méconnus pendant leur vie, mais
dont la gloire grandit d'âge en âge.
   Jouffroy, créateur des éléments d'une science encore in-
connue, n'avait à sa disposition ni atelier de construction,
ni ouvriers mécaniciens ; forcé d'employer la machine de
Watt, à simple effet, qui ne se prélait pas au mouvement de
rotation, il trouva dans son génie les combinaisons qui assu-
rèrent son succès.