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392 MONT SAINÃ-BEl\iS.\R».
pétition du même spectacle. Mais la population qui les habite
est douce, honnête, profondément religieuse, et ne res-
semble en rien h ces fiers Véragres qui osèrent affronter la
fortune de César.
A quelques centaines de pas de Bauvemier, on passe de
la rive gauche a la rive droite de la Dranse, puis on traverse
dejiouveau le torrent avant d'arriver à Sembrancher, second
village, que l'on atteint au bout d'une lieue et demie. Ici la
vallée se bifurque, la Dranse elle-même se divise, et l'on
remonte le courant qui descend du sud. C'est la Dranse d'en-
(re-monts, qui conduit a Orsièrc, troisième gros village, où
le pèlerin du GrandSaint-Bernard est heureux de faire halte
a l'Hôtel des Alpes.
A Orsière, on n'est point encore à moitié chemin de Mar-
tigny au sommet du Saint-Bernard, car il faut encore trois
heures pour arriver à Sainl-Pierre-Monl-Joux, en passant
par Liddcs, et quatre heures de Saint-Picrre-Mont-Joux
pour toucher à l'hospice. A partir à 'Orsière, la route de-
vient montueuse, elle commence 'Ã se suspendre en ga-
lerie sur des précipices que l'on ne côtoie pas sans effroi,
malgré les précautions prises pour éviter les accidents ;
mais on a, pour se dédommager de la fatigue et des pé-
nibles émotions, le spectacle même de ces sauvages pro-
fondeurs, celui des grandes forêts de sapins qui tapissent
des versants presque perpendiculaires, des nombreuses cas-
cades qui les coupent, des villages attachés comme des
nids d'aigle aux flancs de ces abruptes déclivités, puis, au
dessus de toutes ces scènes imposantes, les fronts neigeux
du Félan et du Chandone qui percent les nues.
Sainl-Pierrc-Monl-Joux marque de ce côté la limite du
monde habité. Après l'avoir quitté, on entre dans un véri-
table désert, dont la morne solitude n'est Iroublée que par
le sifflement d'un vent déjà glacial, le fracas des torrents et