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                           CHRONIQUE LOCALE.                             287

   On aura le soin de choisir un jour chaud, parce que si on grelottait,
d'aucuns, au lieu d'admirer le dévouement et le courage de ceux qui quêtent,
pourraient leur rire bêtement au nez.
   Si on tolère une typographie ambulante, improvisée ou non, il ne sera pas
permis de distribuer au peuple autre chose que le Progrès, et les numéros,
composés exprès, ne contiendront que de la prose de M. de Wolffcrs, de-
puis le premier-Lyon jusqu'à la fin des annonces.
   Un correcteur-interprète, attaché au char, sera charge de traduire l'alsa-
cien en bon français. On évitera ainsi de confondre plus tôt avec plutôt,
comme le font les personnes qui connaissent peu ou connaissent mal les
finesses de notre langue (1).
   Dans ces numéros expurgés, on évitera de dire que Lyon a été bâti par
les Romains, Pomponius Mêla nous ayant appris que Lyon ne date que de
1789.
    On évitera plus soigneusement encore de révéler au peuple que nos pères
ont un jour pris pour devise : Résistance à l'oppression ; l'exemple des Lyon-
nais de quatre-vingt-treize pouvant devenir dangereux si M.. *** arrivait
jamais au pouvoir.
    Comme les grands hommes ne manquent pas à Lyon, il est question
do les montrer vivants au peuple. On les promènera sur un vaste char. Les
 sergents de ville seront chargés de traîner à l'ovation ceux que la modestie
ou la crainte des fluxions de poitrine pourraient retenir au coin de leur feu.
    Ce grandiose spectacle de nos grands hommes sur un grand char ne pou-
 vant manquer d'attirer beaucoup de monde, et de produire beaucoup d'ar-
gent, on prendra des précautions pour s'assurer de l'emploi des sommes
recueillies. Ces précautions sont d'autant plus urgentes que, du temps de
Louis XIV, des religieuses se sont fait payer pendant un temps infini la
pension de quatre petites orphelines mortes en bas âge (2), et que l'on
 citait, il n'y apas longtemps, une femme de Normandie, qui a touché
 pendant plus de soixante ans, les mois de nourrice d'un enfant qu'elle avait
 mis à "la Charité. Saint Vincent de Paul cite avec indignation ce fait, qui
 malheureusement n'est pas le seul. Témoins les petits Chinois.
    Ne peut-on se méfier, en effet, de ce zèle si bien joué de gens qui, sans
 raison plausible, passent une journée à cheval ou debout sur un-char ex-
 posés à toute la rigueur de la saison et, sous prétexte de charité, ramassent
 des sommes énormes dont l'emploi reste ignoré ?
  Nous en donnons pour exemple ce qui a lieu à propos des enfants
Chinois cilés plus haut.

   (1) Voir le Progrès du 29 mars, 8 e colonne.
   (2) Progrès du 30 marsj