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262 VOYAGE EN CHEMIN DE FER et les diverses appellations qui perpétuaient leur souvenir, la place Neuve des Carmes, la place des Carmes, la cour des Carmes, tout a été emporté par le vent de la nouveauté. C'est à peine si la génération actuelle connaît la fa- meuse eau des Carmes! En effet, l'eau de Cologne et mille autres cosmétiques à la mode lui ont fait une rude concurrence. Elle semble cependant vouloir secouer le voile de l'oubli et reprendre son rang dans le monde. Je remarque sur les murs de notre ville une immense affiche aux couleurs voyantes, assez haut- posée pour qu'elle puisse y rester en permanence, et qui est ainsi conçue : Exposition de Londres, 1862. Eau de Mélisse des Carmes contre les apoplexies, le mal de mer, les migraines, etc., chez Boyer, rue Tarane, 14, à Paris. Cette eau de mé- lisse a eu véritablement une grande réputation, car je trouve dans uu Guide du voyageur à Paris, pour l'année 1806, l'indicatiou suivante : «.Les Carmes du Luxem- « bourg avaient une apothicairerie renommée par l'eau « de mélisse, dont les propriétés sont généralement « reconnues, et dont la réputation fut longtemps à la « mode dans les boudoirs. L'eau des Carmes a des « vertus surprenantes pour les spasmes et les vapeurs ; « Le dépôt est rue Tarane. » La mélisse, ou citronelle à cause de son odeur qui rap- pelle celle du citron, se nommait en latin : Citrago,melissa, meliphyla, apiastrum. Les trois derniers mots semblent prouver qu'elle est très-agréable aux abeilles. D'après Virgile, il suffit d'en frotter les ruches, pour y faire ren- trer les habitantes émigrées. Hue tu jîissos asperge sapores Trita meliphyla et cerinïhe ignobilegramen. Georg. IV, 63.