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                       POÉSIE.
De la bombe écrivant sa vaste parabole.
Partout le fer qui siffle, éventre, tue, immole ;
Et la neige fouettant les visages glacés,
Et les pieds grelottants dans la boue enfoncés,
Et les stridents échos du canon moscovite
De qui l'âme de bronze en rugissant palpite ! —

L'escouade à laquelle appartient le Breton
Sous des feux convergents formait un peloton.
Ces rudes fantassins à la figure grave,
Sentaient comme un frisson courir dans leur cœur brave
Au sein de ce chaos où s'éteignait parfois,
Dans les horreurs des nuits, jusqu'à l'esprit gaulois;
Chacun était songeur et gardait le silence.
Soudain, Mériadek sent son cœur qui s'élance,
Dans un rêve d'amour, jusqu'au pays natal.
Il revoit son hameau, son toit patriarcal,
Le champ, le pré, le bois, le pâquis dans la lande ;
Il voit surtout sa mère en pleurs, qui le demande,
Qui souffre loin de lui, qui consume à pleurer
Le peu de jours que Dieu daigne lui mesurer. —
A cet amer tableau, ses yeux fondent en larmes.
Il maudit en son cœur la guerre et ses alarmes,
Il songe à la douleur qui suivrait son trépas :
Ma mère, « se dit-il, » ne me survivrait pas!....
Et recueillant alors les forces de son âme,
Il jette vers le ciel un regard plein de flamme,
El sa bouche murmure un serment solennel. —
« Oh ! Dieu que j'aime ! oh ! père, écoute mon appel :
« Peu m'importe la mort, ou présente, ou tardive;
« Mais tu sais que ma mère a besoin que je vive.
« Sauve-moi du péril qui gronde autour de moi,
«   Fais-moi revoir ma mère ; et reçois-en ma foi,
«   Dès que j'aurai fermé ses yeux que je vénère,
«   A toi je me consacre au fond du monastère,
«   Et de nos moines blancs revêtant les habits,
« Je me fais serviteur parmi les plus petits ! »

A peine avait-il dit qu'une avalanche humaine
Autour de lui partout se rue et se déchaîne.