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188                     ORFÈVRERIE,

formes animées, sa riche végétation, et un seul chapiteau
gothique nous présentera à la fois plusieurs feuillages
différents ; on a pu faire, d'après nos vieilles cathédrales,
une botanique monumentale assez variée.
    Débarrassé des entraves que lui avait imposé l'art ro-
mano-byzantin dont il sortait et qu'il avait dû traverser,
comme un fleuve traverse des gorges resserrées, avant
que de s'étendre librement dans la plaine, ce style s'étend
et s'épure, il s'assouplit, il se développe, il se dégage
peu à peu, dans ses reproductions de nature animée, des
types hiératiques que lui avait légués l'Orient et qui, tout
en partant d'un bon principe, étaient une exagération et
un abus de règles trop absolues. Il arrive à la vérité, au
naturel ; il emprunte au modèle vivant ses proportions
et la grâce de ses mouvements ; ses chutes de draperies
sont nobles et simples. Il cesse d'avoir un parti pris
de longueur démesurée dans les figures. Les XIIe et
XIIIe siècles offrent dans plusieurs portails, entre autres
 ceux de Reims, des images d'une forme savante, et
 qu'eussent pu avouer les Giotto et les Fiesole,- et en sui-
 vant le courant du vrai goût qui se perfectionne, nous
 irons naturellement du pieux et élégant Pérugin, au
 suave et désespérant génie qui occupe le faîte suprême
 de l'art, le divin Raphaël.
     M. Armand-Calliat ne voulait pas copier.servilement
 les modèles légués par le moyen âge, tels que les calices
 de Troyes, de Reims, et les ostensoirs des XIVe et XVe
 siècles ; sans se permettre la licence, il ne réclamait dans
 ses œuvres d'orfèvrerie qu'une sage liberté de composi-
  tion, pour corriger certains défauts et éviter quelques
  écueils. Nous pensons qu'il était tout à fait dans son
  droit et qu'il ne demandait que ce qui est de l'essence
  même du style gothique ; c'est par l'unité, la vérité, la
  proportion, la subordination des détails à l'ensemble,
  qu'une œuvre a ce caractère simple et grand, particulier
  au génie chrétien. Sans cela il faudrait blâmer la Papauté
  d'avoir osé sortir du style de Sainte-Sophie ou du dôme
  de Cologne, et encouragé Michel-Ange à lancer dans les
  airs son étonnante coupole du Vatican.