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86                      BIBLIOGRAPHIE.

   Les concetti eux-mêmes sont retracés aussi fidèlement que
possible, pour que les ombres du tableau revivent, ainsi que,
la lumière. Chaque octave française est le calque rigoureux
de l'octave italienne ; rien de plus, rien de moins. Que si
l'on passe alternativement de l'original à la traduction, l'at-
mosphère n'est pas changée, l'impression qu'on éprouve est
la même, il semble qu'on se meuve dans un milieu identi-
que. Et tout cela rendu en franche, belle et bonne poésie,
avec des vers bien frappés et bien ciselés (car l'auteur est un
fin ciseleur), avec une inspiration constamment soutenue qui
anime et vivifie de son souffle généreux toutes les pages de
cette belle œuvre. Le poète-traducteur est passé maître dans
tous les secrets et les procédés de son art ; il connaît à fond
toutes les ressources de la langue poétique, et s'en sert avec
une merveilleuse dextérité. Il est pur, il est harmonieux, il
est souple, il est exact, il est judicieux. Le gracieux, le
terrible, l'émouvant de l'original revivent sous son pinceau
avec les teintes et les demi-teintes qui leur sont propres.
   Dirai-je que son oeuvre est exempte de défauts? — Assuré-
ment non ; mais elle les offre en petit nombre, et de telle
nature que ce sont plutôt des imperfections. Quel écrivain
n'en a pas ? Et quand sur cent vers, j'en citerais un de
faible, à quoi cela servirait-il ? Qu'importe une microscopi-
que éraillure sur un bas-relief du Parthénon ? Laissons à
ceux qui scrutent à la loupe les ouvrages intellectuels le
puéril et stérile plaisir de signaler ces sortes de choses.
Quand les quatre-vingt-dix-neuf centièmes d'un travail lit-
téraire sont irréprochables, le dernier centième doit passer
indemne. C'est là un principe rationnel de critique et non
une flatterie à l'adresse de l'écrivain.
(  Et ce beau livre a-l-il eu jusqu'à présent le glorieux des-
tin auquel il est en droit de prétendre? Hélas! non. C'est
triste à dire ; mais cela est. Cependant une première édi-