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UNE NOCE. 403 — Mon compère, le bonheur de tous ces enfants me re- donne mes vingt ans, je crois. Danseriez-vous bien un branle pour les faire rire? — Un branle ! un branle à huit, crièrent tous les jeunes gens curieux de voir les vieilles danses. Ce branle lent, solennel fut dansé par huit couples de vieillards dont les voix un peu chevrotlantes furent animées par les chants des jeunes spectateurs ; la mère Clairay le con- duisit avec une grâce sénile empreinte de l'austère simplicité des anciens temps ; elle fit merveille et reçut des félicitations de toute la partie juvénile de la noce qu'enchanta celte par- ticipation à ses plaisirs. La jeunesse sait bon gré aux vieil- lards de déposer parfois le maintien sévère que leur dgeleur impose, et leur est reconnaissante de descendre jusqu'à ses jeux pour les sanctifier par une aimable condescendance. Vers onze heures, les rangs des danseurs s'éclaircissaient, car par une rare discrétion, ceux-là mêmequi sefussentmon" très les plus ardents à abuser des talents et de la paliencedes musiciens du village, se retirèrent les premiers; bienlôl il ne resta plus que la famille des deux jeunes mariés, ceux-ci vin- rent prendre congé de Frédéric et de Louise par quelques paroles discrètes et profondément attendries; s'ils remer- ciaient le jeune homme d'avoir contribué aux plaisirs de la soirée, on sentait à l'émotion qui accompagnait leurs adieux, qu'ils reconnaissaient devoir à Louise leur bonheur tout en- tier. — Bonsoir, Mademoiselle, dit enfin le marié, en prenant le bras de sa femme qui parlait encore a Louise, nous ne voulons pas vous retenir plus longtemps; Dieu vous rende le bonheur que nous tenons de vous. — Et nous vous en remercierons tout le temps de notre vie, Mademoiselle Louise, dit à son tour le père Fontaine. Les gens de la noce étaient partis, on entendait encore