page suivante »
ÉGLOGTJES DE VIRGILE. 179 Aussi certains interprètes, flottant entre les autorités de Heyne et de Lacerda, hésitent-ils à se prononcer; tel est Binet qui veut réunir les deux opinions : « Commence, ai- mable enfant, a rendre à ta mère sourire pour sourire ; ta mère a souffert de'longs dégoûts pendant dix mois; cher en- fant, son sourire attend ton sourire (OEuvr. de Virg., trad. par Binet, 5e édit., revue par Noël, 1832, t. 1). » Lilio Gyraldi (Hisloriœ poelar., Bas. 1545, dialog. IV) nous apprend que Virgile, fort goûté des Grecs, avait sou- vent été traduit dans leur langue : ces traductions se sont- elles perdues? je n'en connais aujourd'hui que deux en vers; une seule est ancienne et remonte au siècle de Constantin; on la tire d'Eusèbe, Oral. Constantini M.. Dans le texte, re- produit et corrigé par Heyne, c'est la mère qui rit; mais dans les variantes, ce serait l'enfant. La seconde, moderne et peu connue, est de l'Anglais Daniel Ilalswort ; elle se trouve dans un livre, aujourd'hui oublié, du Père Possevin, intitulé : Tractalio de poesi et pictura, Lugd. 1594, in-18. Le grec y est calqué sur le latin, ce qui laisse la question indécise. S'il y a des divergences parmi les traducteurs de Virgile, il n'y en a pas parmi les poètes latins modernes qui se sont inspirés de ses œuvres ; tous présentent l'accord le plus re- marquable ;tousontcompris que ce qu'il y avait de plus natu- rel et ce qui offrait le plus d'attrait et d'agrément, c'était de faite sourire l'enfant à sa mère, et que c'était l'enfant qui était l'acteur principal de cette scène gracieuse, ils ont réussi; on ne peut raisonnablement supposer que Virgile soit plus maladroit que ses imitateurs. Voyez comme Daniel Heinsius {Dan. Heinsii poemala, Lugd. Bat., 1640) a bien saisi ces nuances, en parlant de la Vierge et de l'enfant Jésus dans sa tragédie Herodes infanlicida : Interque matrem virginemque hserent adhuc Suspensa matris gaudia et castus pudor ; . . . .