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138 • UNE NOCE. donc aussi au sujet de l'étrange leçon que lui avait donnée le père Fontaine, et il se félicitait encore d'avoir échappé à la corvée que le vieillard lui avait proposée, lorsqu'il arriva à la porte des Grandières. Il poussa vivement la porte verte placée à côté de la grande porte de fer curieusement travaillée qu'on ouvrait bien rarement, puis il traversa la cour pavée à droite de laquelle paraissaient à demi-déguisés par une terrasse garnie de hauts orangers, les bâtiments d'exploitation dont l'aspect propre et soigné ne déparait pas la façade des Gran- dières et donnait à ses hautes fenêtres et à son style un peu tourmenté comme celui de toutes les constructions datant du règne de Louis XVI, une nuance de simplicité qui lui seyait, car elle s'alliait à merveille avec le caractère du propriétaire. On devinait d'ailleurs qu'une influence féminine présidait aux Grandières, caries ornements des fenêtres du rez-de-chaussée disparaissaient sous le luxe de végétation qu'y déployaient d'un côté une vigne vierge et de l'autre un lierre énorme qui disposait coquettement ses feuilles de manière à en faire va- loir les nuances vertes différentes et le ton lustré. Sous toute cette verdure, les glaces polies des fenêtres brillaient au soleil et laissaient apercevoir entre leurs blancs rideaux des jardi- nières chargées de fleurs tropicales. Frédéric reconnut là le goût de Louise, comme aussi dans la disposition de massifs d'héliotropes et d'hortensias de chaque côté du perron; elle seule devait avoir présidé à ces délaiischarmants, car sa belle sœur, Mme Olympe Girard qui habitait chez son beau-père depuis la mort du frère de Louise, était peu capable de s'oc- cuper de ces embellissements. Gomme Frédéric montait les marches du perron, un domes- tique vint, moins valet que paysan, qui lui prit des mains sa valise et lui ouvrit la porte du salon. Puis il le prévint que: Monsieur était allé voir les vignes et reviendrait bientôt. — Et Mademoiselle Louise?