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                        AU XIIe SIÈCLE.                    213

  lion dans les chartes écrites de l'autre côté de la Saône,
 pays où l'Empire était censé conserver une suzeraineté no-
  minale, mais à Villefranche elle me paraît sans raison el
 sans excuse.
     Puis le sire de Beaujeu renonce à invoquer contre les
 privilèges toute action ou exception. A ce propos, la charte
 passe en revue toutes les causes de rescision de contrat,
 les énumère, les explique, et le sire s'oblige à ne jamais
 les soulever au préjudice des engagements qu'il vient de
 prendre. Ce paragraphe de trois pages est sûrement l'œu-
 vre d'un jurisconsulte. Jamais précautions plus minutieuse-
 ment prises, jamais pièges mieux éventés.
     Enfin noble et puissant seigneur, Girard de Sainte-Co-
 lombe, chevalier, bailli de la terre de Beaujeu ; Guillaume
 de Mancel, juge ordinaire, Guichard Gaçer, clerc, procu-
reur général, et Jean de Beaujeu, notaire-prévôt de Vil-
lefranche, firent sur les saints Evangiles le serment prescrit
 par la charte ; le chancelier du Roi, l'official de Lyon, le
juge de la cour de Beaujeu apposèrent leurs sceaux, fait
et daté à Villefranche, dans la maison de l'Auberge, à l'en-
seigne du Mouton, le 22 décembre 1376, en présence de
témoins.
    Telle fut cette charte qui a soulevé la bile de M. Brisson.
« Dans cet état de méfiance du peuple et de faiblesse du
« seigneur, il fallait que ce dernier reprît fortement ses
« droits, ou que les abus allassent jusqu'au ridicule et ils
«. y vinrent. Edouard successeur d'Antoine, et encore plus
« faible, se soumit aux mêmes clauses que lui, il y en laissa
« même ajouter d'autres dont le nombre et la sévérité in-
« sullante annoncent le mépris le plus décidé de sa personne
« et de son autorité.... Toute la conduite postérieure d'E-
« douard a bien justifié l'irrévérence de ses vassaux. »
( Mémoire p. 24-25. )