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152 HUMBLE REQUÊTE. sances de la vie, Nous ne sommes pas à la vérité bien placés, nous, pour comprendre ce qu'il y a de noble et de pur dans cet exercice, qui consiste à faire, sur des, êtres inof- fensifs comme nous, l'apprentissage des guerres sanglantes que vous vous faites de gaîlé de cœur entre gens descendant du même père. Mais enfin c'est un exercice qui vous plaît. Eh bien ! soit, nos très-gracieux seigneurs. Mais cet exer- cice, sans lequel vous ne saunez vivre, dites-vous, est à la veille de vous manquer grâce à l'abus que vous en avez fait depuis un bon nombre d'années. Cachés dans nos halliers les plus épais, nous vous entendons dire quelquefois, lorsque le soir vous revenez, découragés, d'une chasse improductive : Il y a trop de chasseurs. Oui sans doute, qui le sait mieux que nous? il y a trop de chasseurs. Mais qu'est-ce à dire sinon qu'il n'y a plus de gibier ? S'il n'y a plus de gibier, que deviendra le noble plaisir de la chasse ? et sans le plaisir de la chasse, que vont devenir les nombreux adeptes du maîlre dont nous venons de prononcer le nom si justement exécré ? Par une juste vengeance du ciel, il ne leur restera, pour toute pâture, que les volatiles de Sa Bresse ou du Mans qu'une honteuse domesticité a mis depuis longtemps hors du ban des oiseaux au nom desquels nous élevons la voix. Ils pourront encore, à la vérité, et ce n'est pas nous qui y trou- verons le moins du monde à redire, se dédommager en ajoutant à leur menu la chair des oiseaux de proie, race maudite que nous leur abandonnons volontiers. Vous voyez bien qu'en nous faisant ta guerre vous allez directement contre les intérêts même que vous avez le plus à coeur de servir, et qu'à force de destruction vous arriverez à rendre l'exercice de la chasse tellement improductif que vous l'a- bandonnerez pour revenir aux entraînements du loto de vos pères et du jeu de l'oie renouvelé des Grecs. Nous savons bien que vos damnés chasseurs ne cessent de vous dire que ce n'est point à leurs engins non plus qu'à leur plomb meurtrier, qu'il faut attribuer la disparition du gibier qu'ils (raquent avec un acharnement si passionné. Il faut, assurent-ils, s'en prendre h la suppression toujours croissante des haies, des bruyères et des halliers, qui ont reçu !a mis- sion spéciale de favoriser la mullipiication de la race des petits oiseaux, suppression qui ne permettrait plus à la repro- duction de l'espèce de se maintenir au niveau des appétits de l'homme et des exigences de la consommation. Erreur, erreur, répondrons-nous ; et vous ne sauriez sans outrecui- dance nier notre compétence en pareille matière, S'il est vrai