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                ÉLOGE DE M. DE CHANTELAUZE.                 373

 alternative du despotisme qui ne sauve rien et de l'anar-
 chie qui perd tout, la sainte autorité des traditions et la
juste puissance des besoins nouveaux, le dernier mot enfin
 de ce suprême équilibre qui peut seul garantir la paix des
 trônes et la liberté des nations : redoutables problèmes que
la plus sublime philosophie n'a point encore dénoués, pro-
blèmes éternellement posés, quelquefois tranchés, jamais
résolus, sans cesse renaissants, avant nous, après nous, en
deçà comme au-delà des Alpes et des Pyrénées. Nos yeux
les ont lus dans l'histoire, et pour peu que nous prêtions
l'oreille, nous les entendons retentir autour de nous.
    Voilà ce qu'était le procès pour les principes. Pour les
faits, c'était l'histoire de toutes nos discordes, l'héritage de
toutes nos catastrophes ; l'interprétation de cet Article 14 ,
déposé en germe dans toutes les constitutions; la Charte
tour à tour invoquée et méconnue; la responsabilité minis-
térielle disparaissant dans le naufrage de l'inviolabilité
royale; la France divisée en deux camps par d'implacables
passions et de déplorables malentendus ; des luttes armées
où la bonne foi peut se trouver des deux parts, et qui ne
doivent laisser que des prisonniers de guerre et non des
accusés. C'était cette agitation des époques de transition
fermentant au sein de la vieille Europe, et l'entraînant tour
à tour dans les courants contraires du despotisme et de l'a-
narchie, jusqu'à ce que la Providence, touchée enfin de ses
angoisses, lui inspire la sagesse de rétablir l'équilibre entre
son passé et son avenir, et la force de dire au flot révolu-
tionnaire : Tu n'iras pas plus loin !...
    Mais je sens à l'émotion de mon âme, au frémissement
de ma parole, que trente années disparaissent derrière moi.
Ma jeunesse revit avec cette grande cause, et pourtant je
n'ai point à la recommencer devant vous. Je m'arrête. Je
foule un terrain brûlant; le volcan est éteint, mais les