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474 DES PROGRÈS DE LA SCIENCE elemenlorum. A la fin, il rendait grâce à Dieu d'avoir achevé ce bel ouvrage : Exsolvi per Dei gratiam promissum. Peut- être qu'entre ceux qui lui succéderont, il s'en trouvera qui auront plus de force pour aller plus avant, Succèdent alii fortasse magis vegeto corpore et vivido ingenio ; pour lui, il est temps qu'il repose. Je veux bien que, dans sa préoc- cupation de commentateur, ce respectable docteur ait exa- géré les minuties et les longueurs de la méthode ordinaire, mais comment n'y pas voir la preuve que l'enseignement des premières propositions d'Euclide passait alors pour une chose assez longue, assez difficile et compliquée ? Or, ajoute Malebranche, il ne faut pas une heure a un esprit médiocre pour apprendre par lui-même ou par le secours du plus petit géomètre qu'il y ait, ces huit premières propo- sitions ; a peine ont-elles besoin de quelque explication. Aujourd'hui l'étude de ces éléments est encore devenue plus facile, et presque attrayante, par l'emploi d'une méthode nouvelle, la méthode analytique qui éclaire l'esprit en même temps qu'elle le subjugue. Mais c'est surtout dans les parties les plus élevées de l'enseignement des mathématiques que, sans plus de temps et sans plus d'effort, on apprend davantage par le perfec- tionnement des méthodes. Tout le savoir d'Archimède n'était qu'un jeu pour Descartes et les géomètres du XVIIe siècle. Le progrès, depuis Descartes, a continué; grâce aux in- ventions admirables de Newton et de Leibniz, des problè- mes difficiles ou même inaccessibles pour les savants du XVMe siècle, sont aujourd'hui facilement résolus par un élève de mathématiques spéciales. Déjà Condorcet pouvait dire de son temps, ce qui est encore plus vrai aujourd'hui : « Un jeune homme au sortir de nos écoles, sait en mathé- matiques au-delà de ce que Newton avait appris par de pro- fondes études ou découvert par son génie (1). » (1) Esquisse des progrès de l'esprit humain. 10* époque