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ET DES PROCHES DE L'ENSEIGNEMENT. 407 science, quelle vivacité et quelle fraîcheur d'imagination, quelles analyses profondément senties des chefs-d'œuvre de la peinture, quelles vives et nobles aspirations, mais par dessus tout que de promesses et d'espérances ! Comme il aimait, comme il sentait le beau celui qui a écrit ces lignes : « Je ne connais qu'un bien ici bas, c'est le beau Je sens que l'amour que j'ai pour le beau est un amour sérieux, car c'est un amour qui fait souffrir. Où cha- cun trouve des jouissances, je sens comme une nouvelle et délicieuse source de tourment. » Pourquoi cela? Il nous en donne l'explication toute platonicienne : « Plus la beauté entrevue est grande, plus elle laisse l'âme inassouvie et pleine d'une image insaisissable. » Si je m'arrête, Messieurs, quelques instants à ce livre, c'est que j'y trouve un modèle admirable k proposera la jeunesse. « Quand on voit, dit très-bien notre collègue, la jeunesse délaisser avec indifférence la philosophie et les lettres qui furent la passion de tant d'âmes d'élite, peut-être est-il bon de lui montrer un jeune homme consacrant à ces nobles études tout ce que Dieu lui avait départi d'intelligence, et dispo- sant pour elles de toutes les ressources que lui accordait la fortune. » C'est au lycée, dans l'étude des auteurs anciens, qu'Alfred Tonnelle avait reçu les premières impressions de la beauté idéale. Elles furent si vives qu'il s'effrayait, entendez ceci, jeunes gens, qui avez si grande hâte d'en finir avec les études, de voir arriver le temps où il serait obligé de s'en sépa- rer pour entrer dans la vie. Aussi en quittant le lycée il n'aban donna pas ses auteurs chéris. Dès l'année suivante, il prend à la Sor-borme, avec éclat, la licence ès-lettres en même temps qu'il se faisait recevoir bachelier ès-sciences, sans nul besoin de ces grades et uniquement par amour de l'étude. En effet, grâce à la fortune de sa famille, il avait pu ne s'engager dans aucune carrière et se vouer tout entier, suivant le conseil