page suivante »
i20 EMPLOI DES BIENS KCCLËSUSTIQUES XXV. Le troisième Concile de Mâcon se tint en l'an 623. Agrestin , homme inconstant, de secrétaire du roi Théo- doric, s'était fait moine a Luxeuil. Dans son zèle de néophyte, il s'en va, malgré les avis contraires de son abbé saint Eustase, prêcher l'Évangile au peuple encore à moitié payen de la Bavière. Bientôt,'s'en revenant de cette mission, dont il n'était pas digne, il se mit à déclamer contre la loi et à donner dans le vice. C'est contre la règle de saint Colomban, a l'observance de laquelle il s'était voué , qu'on le vit sur- tout s'acharner scandaleusement. Il lui reprochait « cer- « taines superstitions, et des pratiques, selon lui, contrai- « res aux institutions canoniques; de faire des signes de « croix sur le vase à boire, avant de l'approcher de leurs « lèvres ; comme aussi sur le seuil des maisons avant d'y n pénétrer ; de demander la bénédiction en entrant dans « le monastère et en en sortant ; de se distinguer, en gé- « néral, des usages de l'Église, et de multiplier les oraisons « et les collectes aux messes solennelles. » Par ordre du roi Clotaire, les évêques de Bourgogne se réunissent à Mâcon, pour juger en Concile, le moine hétéro- doxe et rebelle. Saint Eustase, abbé de Luxeuil, en s'ap- puyant sur les divines Écritures, répond à toutes les cri- tiques d'Agrestin contre la règle de son maître. Le moine, faible en raison, voulut recourir a de sottes plaisanteries et se moquer de la tonsure des disciples de Colomban. Mais Eustase, en présence des évêques, le cite au tribunal de Dieu avant la fin de l'année. Attéré d'abord , bientôt retom- bant dans son endurcissement, il avait oublié, sans doute, la ormidable as signatkm du saint homme, lorsque, onze mois après , il fut tué par un serf dont i! outrageait la femme.