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NECROLOGIE, — M. L'ABBÉ GORUNi. M. l'abbé Sauveur Gorini-, dont nous regrettons la mort prématurée était âgé de 56 ans. Ne à Bourg le 23 octobre 1803 , il est mort le 25 octobre 1859. Élevé dans les Séminaires du diocèse de Bellcy, il a été promu à la prèlrise en 1827. Après avoir professé pendant deux années au petit Séminaire de Mcximicux, les classes de Belles-Lettres , il fut pourvu de la cure de ta Tranclière qu'il a occupée pendant dix-huit années, puis de celle de Saint-Denis, près Bourg, qu'il n'a quittée que cette année même. Dès Se début do sa carrière, dans une des paroisses les plus pauvres et les moins peuplées du diocèse, M. l'abbé Gorini a employé les loisirs que lui laissait le ministère à une étude approfondie de l'histoire de l'Église ; il a puisé aux sources, interrogé les monuments primitifs, malgré les diffi- cultés considérables que créaient pour lui l'isolement, le défaut de biblio- thèques et de livres qu'il était réduit à emprunter cl dont on le voyait, sur la route, incessamment chargé. Son ouvrage le plus important, la Défense de l'Église contre les principaux historiens modernes, 3 vol. in-8°, est parvenu à sa seconde édition. L'auteur pouvait craindre que la célébrité même des hommes auxquels il s'attaquait, ne conspirât à le laisser dans l'ombre. Il en fut tout autre- ment, et M. l'abbé Gorini a pu, dans la préface de sa seconde édition, citer ou indiquer, avec une complaisance légitime, non seulement les témoigna- ges qui lui ont été rendus par un grand nombre d'évêques et par les plus illustres écrivains catholiques, mais encore les aveux et les suffrages de plusieurs des historiens dont il relevait les erreurs. Tout le monde a lu dans les journaux, les lettres si honorables à la fois pour leurs auteurs et pour leur destinataire, de MM. A. Thierry, Guizot, Cousin et II. Mai tin : M. Gorini fut présenté parla section d'histoire de l'Académie des sciences morales et politiques , pour une place de correspondant. Plusieurs dissertations sur des faits historiques , contestés ou obscurs , suivirent ce travail et en ont grossi la seconde édition. En voici les princi- paux : Lolhaire, roi de Lorraine, fal-il empoisonné par le pape Adrien II ? (Publié pour la première fois dans la Revue du Lyonnais). — L'Église, aux XIIe et XIII" siècle, a-t-elle interdit à la raison l'étude de la religion ? — L'aristocratie, à la chute de l'empire romain, s'esl-elle emparée du pou- voir religieux pour rester maîtresse de la Société ? — Ces titres indiquent assez la nature des recherches et des travaux historiques de l'auteur érudit, annotateur et critique. — Il s'occupait, dit-on, d'un travail important sur les luttes de la Papauté et du pouvoir impérial en Italie, au moyen-âge , que sa mort laisse inachevé et dont il a prescrit, dit-on, de ne pas publier les ébauches. Sévère pour ses œuvres, M. Gorini les revoyait incessamment avec une attention scrupuleuse. Il a aussi publié quelques opuscules dans la Bibliothèque religieuse d'Avignon, et préparé des essais de littérature dont les exemples sont puisés dans les Pères de l'Église. Dans le courant de cette année, ce laborieux ecclésiastique s'était vu contraint de quitter le ministère paroissial, par suite d'atteintes successives d'apoplexie auxquelles il a fini par succomber. Les funérailles de M. l'abbé Sauveur Gorini ont eu lieu avec la pompe due h sa science. Il est mort dans le plus modeste état de fortune et n'ayant que le titre de chanoine honoraire de Belley. Visité et loué plu • sieurs fois par son Évoque, il a succombe avant que des distinctions espé- rées soient venues donner à son mérite un éclat dont il n'a pas besoin devant le juge suprême. Un clergé nombreux a assisté à ses obsèques auxquelles a présidé M. le vicaire-général, supérieur du Grand-Séminaire. MM. les professeurs