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392 SÉJOUR DE P1GALLË A LYON. leurs modèles, après avoir dégrossi le marbre, avaient abandonne l'entreprise. MM. de Saint-Antoine leur cherchèrent un succes- seur ; on jeta les yeux sur Pigalle, et après de longs pourpar- lers, il convint d'achever l'œuvre ébauchée, moyennant cinq mille livres (1). « Il n'avait pas encore vingt-cinq ans : heureux de la confiance qu'on venait de lui témoigner, il voulut s'en rendre digne. Il se traça un plan de conduite, qui fut dès lors celui de toute sa vie. « Il travaillait au couvent depuis cinq heures du matin jusqu'à deux heures de l'après-midi. Quelques instants de repos suivaient cette longue séance ; puis il commençait des études d'après na- ture : il les prolongeait jusqu'à onze heures du soir , et modelait à la lueur de la lampe. Il ne donnait au sommeil que ce qu'il ne pouvait lui refuser. « Néanmoins, on se demande s'il acheva jamais les statues du couvent de Saint-Antoine. Il a dû les terminer vers 1740. Or, en 1741, Clapasson (2), membre de l'Académie de Lyon, publiait une description de sa ville natale, et dans cet ouvrage curieux à plus d'un titre, il attribue à Mimerel et à Marc Chabry, les sculp- tures de l'église Saint-Antoine; il est bien vrai que Marc Chabry, le père, mort en 1727, a fait le maître-autel de l'église Saint- Antoine ; Marc Chabry, son fils, aussi sculpteur (3), a-t-il tra- vaillé pour la même église? N'est-ce pas vraisemblable que l'historien lyonnais n'a pas tenu compte des œuvres d'un jeune homme étranger au pays et encore sans nom ? « L'église de Saint-Antoine, dévastée après la prise de Lyon par les Républicains, vit périr tous les objets d'art qu'elle renfermait, et rien aujourd'hui n'y rappelle les travaux de Pigalle. « Quoi qu'il en soit, à la même époque, on bâtissait, à Lyon, l'église des Chartreux et on lui fit quelques commandes (4). (1) D'ArgcnvilIc. (2) Descript. des curiosités. . 1741, in-8°. (3) Les œuvres de ces deux artistes ont été presque toutes détruites pendant la Révolution. (4) D'Argenvillc.