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144 NOTICE SUR AYMERIC DK RIPES. plissaient la nef, étaient quelques évêques, les députés des Chapitres, les envoyés de Frédéric, et ceux des princes et des rois (1). C'est le 17 juillet que Frédéric fut excommunié par le Con- cile el déposé par le pape (2). La lecture de la sentence inspira une terreur profonde à tous les assistants , comme eut fait l'éclat de la foudre. Le ministre de Frédéric, Thadée de Suesse , el ses collègues poussèrent de longs el tristes gémissements, et se frappant, les uns la cuisse, les autres la poitrine en signe de douleur, eurent peine à retenir un tor- rent de larmes. A ce moment Thadée s'écria : « Il n'est plus « de remède à la catastrophe : jour funeste, jour de cour- « roux, de calamité el de misère (3) ! » Ensuite le seigneur pape et tous les prélats du concile, à la lueur des cierges qu'à la fin ils éteignirent en les renversant, fulminèrent la terrible sentence contre Frédéric, qui, désormais, ne pou- vait plus être nommé empereur, et dont les procurateurs se retirèrent couverts de confusion (4). Plusieurs autres décrets furent rendus dans ce concile: nous (1) Comme on le voit, la construction de notre cathédrale était alors assez avancée pour qu'on ait pu y tenir une assemblée aussi nombreuse ; toutefois ce n'est que deux siècles plus tard que l'on y célébra journelle- ment l'office divin. (2) « Il semble bien hardi de déposer un empereur dans une ville « impériale ; mais Lyon était sous la protection de la France, et ses arche- « vcqnes s'étaient emparés des droits régaliens. » Voltaire, Essai sur les mœurs, c. 52. (3) Inlelligo nullum rcmedium patere discrimini... Vere dies ista, dies irae. Matth. Paris. (4) Le récit de cette scène emprunté à Matth. Paris a été souvent remanié par les rhéteurs. Deux poètes, M. Parceval et M. Ponsard, nous ont donné, le premier, dans le 7* chant de son Philippe Auguste, le second, dans son Agnes de Méranie, deux tirades sur les effets de l'anathème ful- miné en 1200 contre la France par le légat d'Innocent III.