Revue du Lyonnais » série 2 - n°19 ( 1859 ) » pp.078

                  CHRONIQUE LOCALE.
   La guerre préoccupe plus que la littérature. Les détails de nos dernières
victoires, la marche de l'armée française ont seuls le privilège de captiver
l'attention ; à combien d'esprits plairions nous en parlant aujourd'hui de la
découverte de tombeaux, peut-être gaulois, faite ces jours derniers à la
Croix-Rousse, de l'hémicycle de l'hôtel du Parc dont les fragments, cédés
par l'Administration des hospices, sont transportés au Palais des Arts, de
la rue de l'Impératrice qui se fera, du chemin de fer de la Croix-Rousse
qu'on peut dire déjà bien avancé puisqu'on a une Compagnie, une autorisa-
tion, des souscripteurs et des fonds, de l'église de l'Hôtel-Dieu qui est
enfin débarrassée de ses échafïaudages, du Palais du Commerce qui se
dégage des siens, du portail sculpté et des enfants joufflus qui ornent le
Marché couvert, de la façade de Saint-Bonaventure qui s'élève, des pein-
tures de l'église de Saint-François qui sortent brillantes et pures du pinceau
de M. Janmot, du beau vitrail de la chapelle de Saint-Joseph à Saint-Nizier,
de la splendide gravure de M. Vibcrt d'après le tableau de M. Orcel, du
Jupiter en bronze admirablement conservé, trouvé dernièrement dans le
Rhône et qui sera une des pièces les plus précieuses de nos musées, enfin
de nos métiers qui battent malgré les événements, de notre industrie qui
prospère grâce au génie commercial de nos compatriotes. Cependant quel
vif intérêt on éprouve à voir respirer, à sentir vivre une grande cité, à
suivre ses progrès, ses embellissements et le développement de sa puissance!
   Jamais à aucune époque, la ville de Lyon n'a senti couler un sang plus
actif dans ses veines et c'est un merveilleux spectacle de suivre le mouve-
ment qui se fait autour d'elle, soit dans les choses, soit dans les esprits.
   Malgré le canon qui gronde et les drapeaux qui flottent aux croisées
nous oserons donc dire que l'Académie, centre de notre mouvement intel-
lectuel, a tenu, le 21 juin, une séance dans laquelle l'intérêt des lectures
a été augmenté par la nomenclature et la distribution de récompenses
accordées aux auteurs des meilleurs mémoires sur la question du salaire
des femmes. Le prix offert était une médaille de 1,200 fr., une médaille
de 800 fr. a été décernée à une femme, M1,e Victoire Daubier, professeur
à Paris. Deux médailles chacune de la valeur de 200 fr. ont été accordées à
M. Louis Lecomtc, conducteur des ponts et chaussées, à Lavoulte (Ardèchc)
et à M. Adrien-Edouard de Lachapclle, régent de logique au collège de
Cherbourg ; une mention honorable a été attribuée à M. J. Boucher de
Pcrthes, président de la Société d'Emulation d'Abbeville, et une autre à
M. Gaston Bohrin Geansond, de Besançon.
    Après le rapport de M. J. Morin sur ce concours, JI. le comte de Soultrait
Î. lu un travail intéressai)! vivement notre ville, et intitulé: Considérations