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                             AU MOYEN-AGË.                              41

princes du siècle qui abusent de leur puissance, pour causer
aux pauvres gens du peuple toutes sortes de vexations dans
leurs maisons et leurs terres. Le Concile leur interdit toutes
voies de fait, toute usurpation sous la menace de l'anathème
qui ne porte jamais bonheur (1).
   Voilà bien les principes de protection et de charité pro-
clamés. Notre cartulaire nous en montre plus d'une fois
l'application. La charte 269, par exemple, est un témoignage
touchant des sentiments du chanoine Sedelenus, au temps
de l'évêque Letbald et du comte Guillaume qui se trouve
parmi les signataires. Le digne chanoine donne a l'église de
Saint-Vincent et pour la table des Frères (2) tout ce qu'il
possède ; et il énumère deux petites terres dans le territoire
de Salornay, sur le village de Sancé ; plus, une forêt, mais
en réservant en faveur des villains, le droit d'y prendre tout
le bois dont ils auront besoin pour leurs constructions et
leurs foyers. 11 proteste, par avance, contre toute entreprise
qui pourrait leur être suscitée h cet égard ; il veut qu'ils
aient a perpétuité le droit d'user librement de sa générosité.
Si jamais elle était détournée de sa destination, elle reviendrait
de droit à la famille du donateur.
   Ce sont surtout les ministres des autels qui pensent ainsi
aux pauvres gens. Ne sont-ils pas, mieux que personne,
initiés à leurs misères et à leurs besoins? La charte 472,
nous offre un exemple semblable. Guichard , sans doute de
la maison deBeaujeu, et aussi chanoine de Mâcon, « donne
« au villain qui demeurera pour le Chapitre dans sa manse

   (1) Procellosi anathcmatis ultione plectatur.
   (2) Nous aurons lieu, plus loin, de parler des Frères, c'est-à-dire des
Religieux annexés au Chapitre de Saint-Vincent. Quant à la mense ou table
des Frères, on n'entend pas seulement les aliments consommés par les
religieux Chanoines, mais tout ce qui se consommait par la bouche, dans
l'exercice de la charité et de l'hospitalité.