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          LA GUERRE U'ORIENl.            275
Nos soldats ont touché la grève,
Le canon gronde dans les airs.
Scbastopol, au loin, dessine
Ses tours, ses dômes, ses créneaux,
Et, de l'Euxin qu'elle domine,
Ressemble à des rocs en monceaux.

Près du colosse redoutable
Et de ses nombreux bastions,
Près des défenses formidables
Que serez-vous, fiers bataillons ?
Mais, dans l'ardeur qui vous entraine,
Aux remparts vous allez marcher,
Et devant la muraille humaine
Tomberont les murs de rocher.

Que de douleurs, de maux sans nombre
Dans ce camp devenu glacier !
Que de combats livrés dans l'ombre,
Où l'acier se heurte à l'acier !
Que de travaux pour la tranchée !
Creusez, soldats, creusez le sol ;
La terre à la terre arrachée
Vous livrera Sébastopol.

La mine fait bondir la pierre ;
L'airain va brisant le granit,
Volcan de flamme et de poussière
Où notre chemin s'applanit.
La bombe à la bombe s'enlace ;
L'obus éclate dans nos rangs ;
Comme l'éclair le boulet passe ;
Partout des blesses, des mourants !

Aux flancs du géant qu'on foudroie,
Comme des aigles s'abattant,
Nos soldats se font une proie
Du cadavre encor palpitant.
Sombre tour Malakoff, tu tombes ;
Drapeaux, flottez sur ses débris