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I'J<)             DUS AFFINITÉS DE LA POÉSIE

Loin de se combattre, la poésie et l'industrie, les lettres et
le commerce ne sont-ils pas régis au contraire par des
affinités permanentes que l'histoire atteste? Les sociétés
où le commerce fleurit ne sont-elles pas précisément celles
qui offrent le milieu le plus favorable à l'artiste? Le specta-
cle industriel, comme drame, comme tableau, n'offre-t-il
aucune prise a l'imagination ? N'est-ce vraiment qu'un
scandale esthétique? De cet ordre nouveau n'y a-t-il rien
que le poète puisse extraire pour le faire entrer à titre
d'alliage dans l'or pur de son inspiration?
   Ces questions, Messieurs, et celles qui s'y rattachent m'ont
paru intéressantes a étudier avec vous. Où cette étude
 serait-elle mieux a sa place qu'ici, au sein de cette Académie,
antique sanctuaire des lettres ouvert au milieu d'une cité
qui n'a pas cessé de mériter la qualification que Strabon
lui donnait il y a dix-neuf siècles, celeberrimum totius Eu-
ropœ emporium. Etablir devant cette assemblée que la
poésie et l'industrie, loin de se nuire, non seulement peu-
vent vivre côte a côte, mais encore que leur contact mutuel,
résultat de leur propre nature, est d'autant plus profitable
à chacune d'elles qu'il est plus étroit, n'est-ce pas rester
fidèle a l'Académie et a la cité, consolider entre le commerce
et les lettres d'immémoriales sympathies dont vos annales
gardent plus d'une trace? n'est-ce pas en un mot faire acte
de concorde et de piété patriotique?
   Je l'ai cru, Messieurs , il m'a semblé que des recherches
faites dans cette intention, quelle que fut leur insuffisance,
seraient auprès de l'Académie qui m'ouvre ses rangs avec
tantde bienveillance la meilleure médiation à employer pour
lui exprimer ma vive et profonde gratitude.

  Un avantage que se donnent les adversaires de la thèse
que j'ai entrepris de défendre, c'est de ne pas sortir de